Dix ans ! Dix ans que mon acolyte me tanne pour voir se film, et à juste titre j'ai souvent réprimé sa demande car elle comportait un grand risque de déception : plus tu entends du bien d'un film, plus ton attente est grande, et donc souvent déçue.
Mais Fight Club est entré dans la culture d'une génération ; une génération d'amis, une génération cinématographique, et même une génération dans les séries. Alors au détour de quelques spoils, vous essayez d'oublier pour arriver le plus vierge possible devant un film sacralisé.
J'ai donc réussis par je ne sais quel miracle à oublier tout ce que j'avais appris, et mon acolyte souriait béat du plaisir que je lui faisait en glissant le blu-ray dans l'interstice prévu à cet effet.
Si on est au départ quelque peu secoué par un scénario complètement barré, on retrouve très vite l'univers de David Fincher ; même si je vous avoue que l'immersion de la caméra me paraît fichtrement mauvaise aujourd'hui, mais soit à l'époque ce fut une révolution. Je m'accroche surtout à cette histoire barrée parce que je ne sais pas où je vais et que j'aime ça. Étrangement (enfin pas tant que ça), Fight Club me fait penser à Trainspotting : dans son approche terne d'une génération qui tourne le dos au capitalisme par le biais de la drogue. Ici c'est la violence qui prime, mais Boyle n'est pas loin de Fincher dans son ascension. Trainspotting étant lui aussi un film culte, j'essaye de ne pas trop y songer car je ne l'ai pas aimé.
On est plongé dans un monde de désespoir par un Edward Norton impeccable qui se réfugie dans les nombreuses réunions pour patients malade afin de prendre sa drogue à lui qui l'aide à dormir paisiblement dans une vie qu'il trouve pitoyable. Bien évidement le reste du casting sert aussi beaucoup à notre entrée dans le film ; Helena Bonham Carter abordant une image décharnée de la femme fatale, et Brad Pitt jouant dans des registres plus fous dans la même verve que son rôle dans Snatch.
Et puis d'un coup, je comprend, un détail dans le film fait revenir à ma mémoire ce que j'avais oublié : le twist coup de poing qui avait tant plus aux adolescents de ma génération je me le prend en ligne droite. A partir de là le film perd de sa saveur,


(j'ai un problème avec les films traitant de la schizophrénie je crois)


le film part dans des excentricités que je déplore et mon niveau d'attention baisse.
Ce que Fincher dénonçait dans The Game, il le pousse à son paroxysme ici,


la consommation devient la bête à abattre d'un cerveau malade.


Au final, je peux dire qu'en toute honnêteté je n'aurais probablement pas porté Fight Club sur un piédestal il y a 15 ans et cela pour plusieurs raisons :
La première à mes yeux c'est que le film est trop masculin pour moi, bien que je ne doute pas de fans féminines, il m'a laissé un goût amer de mecs aimant se battre, un truc de testostérone qui m'échappe.
Deuxièmement, la critique de la société de consommation était plus subtile dans The Game. Ici Fincher utilise les procédés de la publicité à des fins putassières, à la limite d'une réalisation clipesque qui ne me sied guère, alors que 99 Francs servait beaucoup plus le propos avec les mêmes outils.
Et puis le sujet principal du film : facile pour justifier le procédé, mais je le répète je dois avoir une réticence personnelle pour ce sujet traité il y a peu par un autre grand réalisateur.
Fincher reste un maître dans l'art de la réalisation, peu importe les incartades qu'il a pu faire sur son trajet, mais Fight Club n'est pas LE film à retenir dans sa filmographie, au grand dam de mon acolyte déçu.

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le 3 juin 2017

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