Fitzcarraldo ou la guerre contre les dieux

Herzog s'oppose. Oui ce réalisateur du nouveau cinéma Allemand a une volonté de se démarquer de toute l'industrie ancienne de ce cinéma et en bande, en s'inspirant évidemment de la nouvelle vague : Herzog, Schlöndorff, Wenders chamboulent tout les codes pour enfin se libérer du gigantesque poids du passé. Alors non Herzog ne symbolise en effet pas l'opposition, quand on pense révolution on pense Godard. Mais il symbolise, avec ce film entre autres, la démesure très directement lié avec la révolte puisque la fonction propre à la démesure est en fait l'absence de limite, de codes, le pas vers la liberté. Le problème de la démesure ne se pose pas qu'au début sur le plan moral et est vite réglé mais il se pose surtout sur le plan physique -ainsi l'excès de l'homme s'oppose à la nature excessive. Une manière pour ce cinéaste d'annoncer sa problématique: l'homme est-il soumis à sa carapace physique? Ou encore, l'homme ne peut-il pas prendre la place de dieu et avoir donc pouvoir et savoir absolu? Fitz passera son temps à essayer de devenir littéralement le dieu des jivagots. Tout ce parcours du combattant de Fitz pour arriver à son but disproportionné semble alors bien plus clair : dans les deux premiers plans( 1-la nature mystifiée 2-l'opéra en contre plongé ) le cut est impactant, l'ensemble de l'enjeu du film est dit dans les premières scènes - ainsi, le film se veut de mettre en image une guerre entre l'homme et dieu.


Là ou réflexion est poussée encore plus loin par Herzog c'est bien sûr sur sa conclusion: non, l'homme ne peut avoir le pouvoir absolu, ceci étant dit bien trop dangereux pour l'espèce humaine, la nature a gagné, l'homme est conditionné à rester homme.

Raphtur
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le 5 avr. 2020

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