Être honoré par le césar du Meilleur Acteur à peine rentré dans le ventre mou de la vingtaine et du quart de siècle, on pensait que cette soudaine - mais amplement méritée - consécration risquerait de peser bien lourd dans les choix de carrière de l'excellent Pierre Niney, définitivement attendu au tournant désormais par tous les cinéphiles mais également tout un septième art français qui voit en lui l'avenir de son cinéma.


Et bah finalement pot de balle, le célèbre YSL de Jalil Lespert a fait taire toutes craintes à peine quelques semaines plus tard, en portant avec conviction le très bon Un Homme Idéal de Yann Gozlan ou, aux côtés de la sublime Ana Girardot, il nous servait une partition des plus inspirés dans cette sorte de fusion maline entre le Fenêtre sur Cour de David Koepp et le chef d’œuvre Match Point de tonton Allen; le tout sous fond d'usurpation, l'imposture et le vol de manuscrit.


Un choix de carrière intelligent, sans compter une partition vocale inspirée dans le chef d’œuvre Vice-Versa, ou il incarnait avec justesse la Peur.


En attendant de le découvrir à l'affiche du prochain - et alléchant - film de François Ozon, Frantz; le voilà qu'il nous revient en ce doux mois de mars avec une comédie, Five, un " film de potes " à la française mais aux douces résonances américaines (les papes du genre, on est d'accord), signé Igor Gotesman - dont c'est le premier passage derrière la caméra; acteur wannabe cinéaste qu'il retrouve après la série Casting.


S'inscrivant dans les glorieux pas de Babysitting (surtout) et autres Comment c'est loin ou encore A Love You, Five suit l'histoire de cinq amis d'enfance qui rêvent depuis toujours d'habiter en colocation.
Lorsque l’occasion d’emménager ensemble se présente, Julia, Vadim, Nestor et Timothée n’hésitent pas une seule seconde, surtout quand Samuel se propose de payer la moitié du loyer !
A peine installés, Samuel se retrouve sur la paille mais décide de ne rien dire aux autres et d'assumer sa part en se mettant à vendre de l'herbe.
Mais n'est pas dealer qui veut et quand tout dégénère, Samuel n’a d’autres choix que de se tourner vers la seule famille qu'il lui reste : ses amis !


Si il est évident que le premier long métrage de Gotesman ne renouvellera pas le genre qu'il aborde avec un respect sincère, force est d'avouer que la péloche n'en est pas moins une jolie bouffée d'air frais dans un cinéma comique hexagonale pourtant loin d'être avare en belle surprise ses deux dernières années. Reprenant au pied de la lettre tous les codes du film entre potes avec un enthousiasme des plus communicatifs, le film incarne un divertissement aussi drôle qu'il est délirant et décomplexé, aux personnages finement scriptés - même les seconds couteaux - et terriblement attachants.


Référencé à la popculture, bourrés de dialogues savoureux en bonne comédie " pour jeunes " qui se respecte sans pour autant négliger quelques jolis moments d'émotions et un sous-texte social bien amené; Five est une belle ode à l'amitié doublée d'une vraie envie d'offrir un moment de cinéma soignée et créatif façon épopée WTF aussi punchy que pleine d'humour.


Mieux, le casting, intelligemment choisit, allant de Pierre Niney (excellent en fils à papa voulant être aimé de tous) à Gotesman himself (parfait en pote discret et un brin nounours) en passant par une Fanny Ardant délirante (en accro à la beuh); répond clairement à l'appel et prend même un malin plaisir à rendre cette histoire la plus mémorable possible.


En un mot, une première réalisation rafraichissante, incontournable, jubilatoire et au capital sympathie énorme, qui nous fait attendre avec une impatience non-feinte la suite de la carrière son jeune cinéaste derrière la caméra...


Jonathan Chevrier


http://fuckingcinephiles.blogspot.fr/2016/03/critique-five.html

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le 1 mars 2016

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