Robert Zemeckis, cela vous dit quelque chose ? Mais si ! Le réalisateur d’A la Poursuite du Diamant Vert, la trilogie Retour vers le Futur, Qui veut la peau de Roger Rabbit ?, Forrest Gump et Seul au monde ! Vous l’avez oublié ? Et bien, quelque part, je comprends. Et pour cause, depuis 2004, le cinéaste n’a cessé d’explorer l’univers des films d’animation en motion capture (Le Pôle Express, La Légende de Beowulf, Le Drôle de Noël de Scrooge), sans jamais arriver à retrouver sa gloire d’antan. Et bien, n’attendez plus, regardez Flight, premier film live de Zemeckis depuis Seul au monde (2000) ! Une attente bien longue qui mérite le détour, au final ?

Whip Whitaker, pilote de ligne chevronné, réussit miraculeusement à faire atterrir son avion en catastrophe après un accident en plein ciel… L’enquête qui suit fait naître de nombreuses interrogations… Que s’est-il réellement passé à bord du vol 227 ? Salué comme un héros après le crash, Whip va soudain voir sa vie entière être exposée en pleine lumière.
Si rien n’est dit dans le synopsis, la bande-annonce nous dévoilait qu’il y avait une affaire d’alcool et de drogue derrière cette catastrophe. Mais jamais je n’aurais pensé que le film ferait des problèmes d’alcoolisme et de toxico son sujet principal, son pilier, usant d’une catastrophe aérienne hors norme comme prétexte. C’est pourtant sur ce chemin que Flight s’aventure, décrivant la longue descente aux enfers que vit le personnage principal. Ainsi, le film explore bon nombres de sujets en plus (le statut de héros, la famille décomposée…), permettant à Whip Whitaker de se présenter à nous tel un protagoniste grandement travaillé, auquel il est facile d’éprouver une très grande empathie. Sans oublier le fait que Flight aborde la plupart de ces nombreux thèmes sombres avec gaîté, grâce à un second degré bienvenu, une décontraction légère et un « sans tabou » étonnant. Il est tout de même fort dommage que le film ne s’intéresse qu’à Whitaker, oubliant de nous préoccuper des autres personnages (tel Hugh Lang, Harling Mays ou encore Charlie Anderson). Même le personnage de Nicole semble avoir été introduit dans le scénario histoire d’offrir au spectateur une histoire d’amour « compatible » avec la trame que vit le héros. Et puis, il est regrettable que certaines séquences soient lourdes, dans le sens où elles peuvent se montrer longues et inutiles. Quoiqu’il en soit, Flight reste un film bien écrit (mais incomplet) qui mise tout sur son personnage principal pour assurer l’intérêt.

Mais Whip Whitaker ne doit pas son charisme qu’au scénario. Il le doit surtout à son interprète, le grand Denzel Washington, qui porte littéralement le film sur ses épaules. Le comédien est excellent, mais rarement il avait réussi à se montrer aussi touchant, aussi fragile et aussi bon dans ses précédentes prestations (qui n’ont pourtant rien à envier !). Il pleure ? On sent la larme venir couler sur notre joue ! Il rit ? On partage sa joie ! Il pique une crise ? On ressent sa colère ! Et il est vraiment dommage que le reste du casting ne soit pas à sa hauteur. Non pas à cause de la prestation de chacun, excellente (quoique Don Cheadle n’impressionne guère), mais plutôt au scénario qui évite les personnages secondaires. Ainsi, si Kelly Reilly s’en sort mieux, John Goodman en est réduit au comique du film et Bruce Greenwood au conseiller de service. Un beau gâchis quand on sait de quoi ces acteurs sont capables. Et les laisser ainsi en retrait est une bien belle erreur !

Sur le plan de la mise en scène, Flight n’excède pas spécialement. Chaque plan est filmé avec classicisme et peut rendre certaines séquences un chouïa ennuyeuse. Mais là où le talent de cinéaste de Zemeckis s’envole, c’est bien lors des moments « tripant » (arrivé de Lang, ligne de coke, beuverie…), aidé par une BO de qualité, rappelant les ambiances cinématographique des 80’s. Mais c’est surtout pour la catastrophe de l’avion que la mise en scène vaut le détour. Même si les effets spéciaux semblent d’un autre âge (surtout pour les cieux), Flight nous offre la plus terrible et la plus efficace des catastrophes aériennes que le cinéma nous ait livré jusqu’à présent. Et une telle séquence, ça ne s’oublie pas de sitôt !

Malgré un scénario présentant un protagoniste égoïste (qui laisse en arrière plan les personnages secondaires) et un casting très mal exploité, Flight est un bon film. Qui prouve que Zemeckis est bien meilleur dans la réalisation live que pour l’animation en motion capture. Il nous livre un long-métrage, certes pas à la hauteur de ses grands titres, mais qui se révèle être touchant et bien écrit. Et surtout, il nous dévoile un Denzel Washington au plus haut sommet de sa forme ! Bref, Flight annonçait le grand retour de son réalisateur, et ce come-back se montre à la hauteur des espérances !

Créée

le 20 févr. 2013

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