Grand retour tant attendu de Robert Zemeckis derrière une véritable caméra, Flight apparait avant tout comme une curiosité dans sa carrière. Petit budget, dégaine de téléfilm-glorifié-en-scope du dimanche, rien dans sa texture ne s'apparente à ce qui fait son cinéma, au premier abord...
Dès le premier plan il se mange un R-Rating de la MPAA ! En tant que réalisateur il n'est pas coutumier du fait... Et il semble avoir abandonné ses plans séquences de ouf et ses défis techniques impensables. Beaucoup accuseront Flight de n'être effectivement qu'un téléfilm.
Mais des éléments de maestria font surface : le design sonore est génial, la photo parvient à outrepasser son aspect téléfilm, le moindre second rôle aurait ses chances aux oscars, et Zemeckis, ce grand cérébral, semble s'être pris de passion pour le combat perdu d'avance que mène Denzel contre Dionysos !
Il dresse un portrait sans concession de ce pilote perdu dans les limbes de son addiction, sans chercher à l'expliquer ou l'excuser... J'ai tout le long craint la scène lacrymale traditionnelle : "Vous comprenez, c'est mon père y m'battait et ma mère elle se prostituait et mon frère est mort à la guerre violé par un prêtre..." mais Zemeckis et son équipe se gardent bien de tomber dans ce piège...
...Jusqu'à la fin. Il craque.
Dans les cinq dernières minutes, Robert envoie l'artillerie lourde de la chiasse nauséabonde et puritaine alors qu'il venait juste de nous convaincre qu'il n'y a rien de tel qu'un peu de coke pour éliminer la gueule-de-bois !
C'est d'autant plus pénible qu'en définitive, le personnage de Denzel fait le meilleur choix, pour ce qui est de sauver sa vie et sa morale... Mais dans un film qui se voulait percutant et un rien déviant, cette fin jure salement.