Frances Ha par Hugo Harnois
Parée d'un blouson de cuir trop grand pour elle, Frances est une jeune femme apprentie dans dans une compagnie de danse. Rêvant de devenir chorégraphe, elle passe son temps avec sa colocataire et meilleure amie Sophie à sortir, boire, fumer, et jouer aux dés. Quant cette dernière compte déménager dans une autre ville, Frances s'aperçoit qu'elle est totalement perdue.
Véritable nomade (les chapitres sont d'ailleurs divisés selon le lieu où elle habite), on pourrait voir en Frances Ha un portrait d'une jeunesse en mouvements constants. Mouvements qui peuvent rappeler la passion que cette femme a pour le cinquième art, la danse. De même, Frances vit au rythme des Quatre Cents Coups (références parmi d'autres à la Nouvelle Vague et au cinéma français, sans même parler du noir et blanc) et courre vers une vie qu'elle ne maîtrise pas.
Après Greenberg, Noah Baumbach nous fait un nouveau portrait d'une personne déboussolée, en marge d'une société qui ne comprend pas forcément comment le monde et les gens fonctionnent. Ces scènes faussement improvisées (textes précis, beaucoup de répétitions) sont des fragments de vies brouillons et succins où tout va très vite, que cela soit les dialogues où cette volonté de filmer ces dialogues en une prise. Frances Ha est en effet très bavard et laisse peu de répit aux spectateurs. On regrette l'absence d'une réelle évolution narrative, laissant un scénario stagner jusqu'au dernier quart d'heure, plutôt réussi.
Drôle, bref et décalé, ce film visant une certaine forme d'anecdotisme pourrait être le penchant positif d'Oh Boy, petit film indépendant allemand sorti quelques mois plus tôt. Là encore, le réalisateur est obligé de faire confiance à son interprète pour que son œuvre tienne debout. L'excellente Greta Gerwig (également scénariste) répond présent en portant Frances Ha sur ses solides épaules de femme aussi pudique qu'excentrique, sentimentale que détachée, déterminée qu'effacée. Une femme faite de paradoxes.