Funuke show some love, you losers ! c'est un bonbon qui laisse un léger goût amer sur le palais.
D'emblée ça commence très fort, brutalement, pour retrouver par la suite un semblant de sérénité, comme l'eau qui dort. Coincé dans la campagne profonde, très loin de Tokyo, on suit le cours plus ou moins tumultueux de la vie de quatre individus appartenant à la même famille mais qui ont pourtant l'air bien disparates : deux soeurs, un frère et une belle-soeur. Très vite on pénètre dans les recoins les plus sombres de l'âme, découvrant au fil du visionnage les secrets de cette famille qui joue si bien à faire semblant, à faire comme si de rien n'était. Ils tentent d'être ensemble un peu envers et contre tout, malgré ou à cause de ce qui les ronge.
Rancœurs, espoirs déçus, jalousie. Drôles de promesses, amour inconditionnel, rêves de gloire, de reconnaissance, frustration amoureuse et sexuelle.
Ce film est rempli de mesquinerie et de désespoir. Il est souvent nécessaire de se trouver un souffre-douleur pour évacuer sa frustration face aux circonstances de la vie. Parce que l'on ne peut pas tout encaisser sans rien dire, la volonté de revanche est très forte.

Malgré tout, le film est traversé par quelques brises de fraîcheur dans tout cet air vicié, et, ça et là, quelques moments cocasses (où l'on ne sait pas trop si l'on doit rire ou avoir pitié il est vrai) grâce surtout à la si mignonne belle-soeur qui représente un véritable modèle de dévotion. A un moment, son mari lui dit qu'elle ne connait pas les soucis et cela semble être vrai : elle a l'air de déambuler dans la vie avec une dextérité certaine, un remarquable courage, se relevant toujours face aux affronts, inlassablement. Son acharnement face à un époux froid et prompt à se défouler sur elle m'a rempli de pitié et de respect. De l'amour, des miettes d'amour, c'est tout ce qu'elle espère. D'ailleurs, ayant manqué quelques informations au tout début du film, j'ai cru pendant un moment qu'elle était la bonne de la maison, c'est pour dire si elle est bien traitée.

On se demande vraiment comment une adolescente peut grandir et s'épanouir entourée d'une telle famille, surtout qu'en plus de vendre son corps au sens propre comme au figuré, sa grande soeur, wannabe actrice débarquée de Tokyo suite aux funérailles parentales, semble avoir une passion certaine pour les armes blanches.
Le temps passe, les évènements se répètent et les choses semblent s'arranger parfois. Mais l'eau ne fait que dormir.
Bravo au réalisateur pour avoir su donner de l'humanité à des personnages somme toute exécrables. J'ai eu de la compassion pour eux parce que j'arrivais à accepter leurs motifs pour agir ainsi d'une certaine manière.
Daihachi Yoshida offre également quelques petites originalités visuelles bien agréables.

Peut-être que tout le monde ne peut pas adhérer à Funuke show some love, you losers ! mais la médiocrité humaine, moi ça me parle. On ne peut pas tous être des héros et j'aime quand un film me semble proche de la vraie vie.
Sassie
9
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le 21 avr. 2011

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Sassie

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