Le Soleil se lève sur Gagarine, Cité d'Ivry-sur-Seine, imposante, édifiante et silencieuse, tel un vaisseau arrivant sur Mars. Au 7ème étage, Youri est à son poste d'observation, depuis sa chambre ou bien le toit aménagés avec longue vue et autre matériel spatial. C'est l'été, on joue dehors, on fait la danse du haka sur le toit, on fait son jogging dans la cour. On se prépare à l'automne mais aussi au départ de la Cité. Ne respectant plus les normes sanitaires, elle doit être détruite, ce à quoi s'oppose Youri, qui y a grandi et s'est construit ici, un adolescent à l'âme de cosmonaute. Aidé de Diana, jeune Rom du quartier, il déniche, retape, consolide.


Gagarine est un hommage à la Cité éponyme, ce lieu où convergent tellement d'histoires de vie, une véritable ruche où s'activent depuis plusieurs générations des jeunes et vieux de tout horizon. Sans tomber dans la caricature non plus, car l'insalubrité des logements est bien débattue au sein des habitants. Révélateur aussi de l'histoire de la France, le film s'ouvre sur des images d'archives de l'inauguration joyeuse de la Cité en 1963 et se ferme sur les témoignages de ses habitants, qui donnent au film une rondeur harmonieuse.


Le mélange des genres, avec d'une part un réalisme social, de l'autre un caractère fantaisiste, fait l'audace et la richesse de ce film. La proposition est originale car elle transcende nos représentations de la Cité. Dans ce film, elle est vue et vécue comme un terrain de jeu et d'expérimentation technique. Prenant au pied de la lettre le nom de Gagarine, les réalisateurs nous font rêver aux côtés de Youri, cet adolescent réfléchi, solitaire, qui va construire comme refuge une cellule spatiale au 7ème étage de la Cité, à l'aide de recherches et de témoignages de cosmonautes trouvés sur internet.


Stimulant, constructif, Gagarine émeut par sa proposition touchante. La bande son originale, composée de musiques variées, participe aussi à cet élan de création. Enfin, certaines scènes jouant avec la lumière sont magnifiques : le rouge puissant du couloir spatial du 7ème étage, le tableau étoilé ou enfin la ceinture de lumière de Gagarine en détresse.

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le 3 mai 2021

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Emilie Rosier

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