« N’abandonnez pas le navire! Remember the Alamo ! »

Vu en VOstfr - Ne pas tenir compte du titre : le jeu n’est qu’accessoire dans le film.


Si, comme moi, vous vous délectez du classicisme dans le polar, vous serez servi mais si vous réclamez, en plus, la touche sociale qui le labellise en Noir, vous vous délecterez comme moi de ce film méconnu qui mériterait de ne plus l’être.


Comme tout spectateur, j’ai tendance, d’instinct à vouloir deviner à chaque scène la suivante. J’ai été ravi d’avoir été refait jusqu’à la fin. Dès les premières images, on est dedans. Pas de gras. C’est concis, intelligent. Les superbes images d'ouverture et de clôture de ce film sont des must de l’esthétique du genre (Ted Tetzlaff avait été Chef Opérateur pendant vingt ans avant d’accéder à la réalisation)


En 1h20, le scénario fait évoluer ses personnages parmi les malfrats (Farrow, le méchant, c’est William Bendix, toujours excellent) et dans les méandres de l’administration gérant les lois sur l'immigration. Victor Mature, acteur souvent méprisé, est tout à fait bien dans ce rôle de Marc Fury (Furiani), gangster rusé et charmeur qui prend soudain conscience qu’il a une conscience. Le révélateur, c’est quand il doit exposer ses raisons de vouloir rester dans ce pays qu’il croyait être le sien. Il est menacé d’expulsion. Le fait d’avoir combattu contre les japonais n’a pas fait de lui un citoyen américain et sa conduite de malfrat risque de le renvoyer dans l’Italie natale de ses parents. Il se retrouve dans une aire de transit au milieu des immigrants. Le film montre un aspect peu traité par le cinéma, la situation des civils déplacés par la guerre en Europe et qui aspirent à une nouvelle vie en Amérique. Il nous fait ainsi partager la douleur d’une famille polonaise dans cette situation.


Fury séduit, par intérêt d’abord, une jeune idéaliste aux drôles de chapeaux qui aide les immigrants. Mais l’aide absolue de la jeune femme ira très au-delà de ce qu’il attendait. La jeunesse de Terry Moore (21 ans) rend crédible son personnage de candide amoureuse d’un homme qui n’est plus un jeune homme (Mature avait 37 ans). Aucun simplisme dans ces relations.


L’action du polar pur et l’enjeu social coexistent parfaitement. Le film est une combinaison de genres. C’est clairement un polar à cause de l’action et des dialogues (Fury et Farrow agissent comme des personnages classiques du genre). Mais, c’est aussi un film au discours social et patriotique. Le film peut dérouter : que vient faire Capra dans le polar ? Il justifie les quelques petites invraisemblances que l’on pourrait relever. Voilà l’originalité de l’œuvre. Classique et originale, je me régale. Evidemment, on peut refuser d’être crédule et de considérer que les bons sentiments nuisent à la crédibilité des films. Je dirais que le cynisme n’est pas non plus un gage de qualité. Ici, j’ai trouvé que les bons ingrédients qu’on aime ont été assemblés avec talent et ont donné un plat succulent.


AD : A l’époque, Howard Hughes, alors propriétaire de la RKO qui a produit le film, aurait épousé secrètement Terry Moore (Voir ma critique de Two of a kind 1951).

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le 15 avr. 2015

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