L’inénarrable Nicolas Maury – aka Hervé dans la série Dix pour cent – s’essaye à la réalisation avec Garçon Chiffon : un premier film largement intimiste, plein de poésie en substance mais hélas sans grande ambition dessous.


A bien y regarder, Garçon Chiffon a tout du téléfilm France 2 tristounet du mercredi soir : interprétations mollassonnes, cadre dépouillé à l’extrême, dialogues rarissimes, partition entêtante au piano… Pire, ça tourne à l’égo trip pour Nicolas Maury, qui ne lésine pas sur l’auto contemplation en plan fixe. Jérémie, son personnage, porte certes en lui une immense fragilité et une tendresse infinie, mais n’agrège pas suffisamment d’affection pour susciter l’empathie face à son mal-être, inaltérable. Ne subsistent en lieu et place que le chagrin d’amour d’un adulescent parisien comme on en a déjà vu cent fois auparavant.


Sur le plan scénique, Garçon Chiffon n’est pas bien riche non plus. Pour tout vous dire, je m’attendais à une plus large palette créative de la part de Nicolas Maury. De là à penser qu’il s’enferma dans sa réalisation sous le joug de ce récit intimiste, il n’y a qu’un pas. Cela n’enlève, bien heureusement, rien à ses talents de comédien. Et que dire de Nathalie Baye, éblouissante à chaque intervention, comme toujours.


Enfin, on regrettera les choix de captation : trop occupé à filmer ses numéros de contorsionniste dans son lit, Nicolas Maury oublie trop souvent de regarder dehors. Son Limousin natal, censé l’aider à se ressourcer (d’après le synopsis) passe ainsi totalement à la trappe. Au-delà de l’occasion manquée de promouvoir sa région d’origine, le jeune cinéaste finit d’étouffer son spectateur dans des intérieurs tristounets. Pour l’évasion des sentiments, on repassera…


Bref, rien de bien original à se mettre sous la dent, et un potentiel créatif encore en sommeil dans ce premier long-métrage. Seulement le galop d’essai derrière la caméra d’un jeune homme qui, à n’en pas douter, devrait avoir bien plus de choses à raconter avec un tout autre sujet. Wait & See…

Maître-Kangourou
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le 19 juil. 2021

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