Je vais commencer cette critique par une petite anecdote, rigoureusement authentique.
Il y a quelques années, pour abattre quelques châtaigniers le long du chemin qui accède à ma maison, j'avais dû déposer la ligne téléphone (formellement interdit mais hors de prix si vous faites venir les techniciens compétents). Bref, le câble était au sol (couvert de feuilles et de branches) et je m'étais mis en garde sur le risque de le toucher avec la tronçonneuse. Lors de l'ébranchage d'un arbre, j'oublie d'être précautionneux et je touche le câble. Je l'inspecte, je ne vois de gros dégâts, si ce n'est quelques éraflures mais je ne suis sûr de rien. Je raccroche le câble vite fait, je rentre à la maison, je décroche le téléphone : aucune tonalité. J'appelle mon opérateur pour signaler un dérangement sur ma ligne, convaincu que j'avais endommagé le câble et j'attends leur intervention.
Eh bien figurez vous que la panne n'avait rien à voir avec ma maladresse : c'était un routeur où je ne sais quoi, qui était tombé en panne. Des coïncidences aussi sidérantes, j'en ai eu deux autres dans ma vie (à chaque fois anecdotiques).
J'en ai conclu qu'en matière de justice, il pouvait aussi y avoir des coïncidences, des faisceaux d'éléments qui se recoupent et qui permettent d'acquérir la certitude de la culpabilité d'un prévenu.
C'est ce qui se passe dans le film où l'inspecteur Gallien (Lino Ventura) est très vite convaincu de la culpabilité du notaire Martinaud, incarné par Michel Serrault.
Du coup, son interrogatoire est, sans qu'il s'en rende compte, totalement à charge. Martinaud n'est pas aidé par ses mensonges mais ces derniers ne visent pas à le disculper mais à préserver sa vie privée. Du coup, quand il dit la vérité, il n'est plus crédible.
Tout est réussi dans ce film, que ce soit la réalisation qui instille un sentiment diffus de claustrophobie jusqu'au jeu des acteurs, impeccables que ce soit les premiers rôles ou les seconds : Guy Marchand, en policier brutal ou Romy Schneider, en femme délatrice.
La double chute du film donne à réfléchir sur la justice et sur l'horreur que peut devenir une vie conjugale.