Gaspard va au mariage est un film charmant, mais frustrant puisque desservi par les deux choses qui auraient dû renforcer son intérêt.
• Son histoire.
J’ai eu l’impression que le film ne sait pas trop ce qu’il veut raconter, et qu’il change son fusil d’épaule en cours de route. Le titre laisse entendre qu’il est question d’un mariage ; puis au début du film, ledit Gaspard se trouve une femme pour jouer sa petite amie : la situation est posée (et elle est amusante). Mais aussitôt, il n’est plus question de mariage, et le personnage de Laetitia Dosch est mis de côté pendant une bonne demi-heure, avant que le film ne se souvienne de son existence et la réinvestisse dans l’histoire. Le film a une nouvelle idée : le zoo. Il tire le fil de cette idée, puis s’en lasse. Dès lors, nouvelle idée : la famille déséquilibrée, propice à mettre en scène des situations cocasses. Une idée en chasse une autre
De même, à quel genre appartient ce film ? Est-ce une comédie qui joue avec l’absurde ? (plutôt, oui) Est-ce une chronique familiale ? (souvent) Est-ce un drame social ? (un peu)
On a finalement l’impression de voir le brainstorming du film, les différentes pistes à traiter, sans bien comprendre où il veut en venir, sans bien appréhender une unité pour le structurer.
Peut-être le film n’assume-t-il pas jusqu’au bout le précepte du « ça sert pas à grand-chose, c’est joli » (qu’on entend à propos du parachute à bouchon de champagne) : le début du film a l’air de se placer sous les auspices de cette maxime, avant d’y renoncer, et d’y introduire le réalisme des soucis financiers du zoo. J’avais pourtant envie de voir comment le film pouvait gérer jusqu’au bout sa frivolité. Je comprends toutefois le choix opéré : difficile de bâtir tout un film sur une sorte de dandysme.
• Son ton.
Le film se veut fantasque. Et il commence par l’être : la scène s’ouverture est drôle et intelligente (un personnage sorti de nulle part et dont on ne sait rien qui se retrouve, emportée par la logique des événements à suivre un groupe d’activistes écolos parce qu’ils distribuaient du café et des viennoiseries), et Laetitia Dosch dégage une bizarrerie naturelle : toutes les scènes où elle est présente fonctionne. (Elle est hélas mise sur la touche trop rapidement).
Mais ensuite, je n’y ai plus cru : le film joue trop la bizarrerie pour l’être sincèrement. Les personnages du père et de la fille sont trop chargés pour qu’on puisse croire à leur excentricité. Cela tient beaucoup à la manière par laquelle le spectateur les rencontre pour la première fois. Alors que la première apparition du personnage de Laetitia Dosch est simple (je l’ai déjà dit), les mises en scène de l’apparition du père (nu + néon bleu + cave + cuve de Garra rufa – ces poissons qui mangent les peaux mortes) et de la fille (perchée dans un arbre avec sa peau d’ours) sont trop artificielles pour être justes.
Le film sonne dès lors un peu faux : la relation entre le frère et la sœur ne produise par le trouble voulu ; on ne parvient pas vraiment à s’attacher aux personnages.