Lorsque comme moi vous découvrez « Gatsby le magnifique » avec le film de Baz Luhrmann puis quelques semaines plus tard avec celui de Jack Clayton, difficile de vous dire autre chose que : « putain, ils ne se sont pas trop creusés les méninges niveau adaptation! ». Car je veux bien que l'on ne puisse pas faire n'importe quoi avec un tel monument de la littérature, mais retrouver à ce point autant de scènes communes, voire de dialogues, c'est tout de même étonnant.
Le constat est du coup à peu près le même qu'avec la version de 2013 : un très beau travail visuel (bien que très différent), de beaux moments et quelques personnage inoubliables, mais un manque d'émotion et de passion faisant cruellement défaut. D'ailleurs, si je devais trancher entre une des deux œuvres, j'opterais pour la seconde. Bien que celle de Clayton soit infiniment plus sobre, plus propre, plus élégante même, elle reste aussi trop feutrée, préférant rester sagement au sol lorsqu'il aurait fallu des envolées lyriques du plus bel effet, ce qu'a bien compris Luhrmann.
Tout y est justement trop sobre, trop propre, trop élégant lorsqu'il aurait fallu de la folie, de l'audace, d'autant que la critique sans fard de la haute société, souvent immorale et inconsciente, reste très timide. De plus, si Robert Redford est un Gatsby idéal et les seconds rôles convaincants (l'excellent Sam Waterston en tête), Mia Farrow rend une héroïne déjà gonflante quasiment insupportable, ne lui apportant jamais la subtilité nécessaire pour être aussi touchante que séduisante. Reste qu'il faudrait vraiment être un manche pour rendre cette superbe histoire indigente, mais on attend toujours la grande adaptation du chef-d'œuvre de Francis Scott Fitzgerald.