Voilà donc la nouvelle extravagance de Baz Lurhmann, qui, s’il vous plaît , a fait l’ouverture du festival de Cannes ! Il faut dire que l’ambiance festive, colorée et pailletée de cette adaptation du livre de F. Scott Fitzgerald va très bien au festival.
Il était une fois les années folles : on s’amuse, on en met plein la vue, on dépense, on charlestonne, on contrebandise, on spécule, on boit, on jazze, bref, les années 20. Dans ce contexte, Nick, un jeune homme aux velléités littéraires, s’installe à New York, sur Long Island, dans une petite bicoque collée au domaine gigantesque du mystérieux Monsieur Gatsby. Ce dernier organise des soirées mondaines auxquelles tout New York répond présent mais personne ne sait qui il est. Nick sera amené à le rencontrer et entrera ainsi dans le monde des milliardaires, devenant ainsi témoin de leur quotidien, leurs amours, leurs drames.

Bon. S’il y a bien une chose que sait faire Lurhmann, c’est façonner des univers jusqu’au plus petit détail et y entraîner son spectateur. Dans Gatsby, il ne déroge pas à la règle. On est plongé dans le tourbillon de New York dans les années 20 et des soirées de Leo Gatsby. L’approche musicale pour la bande-son est habile (chapeautée par Jay Z qui apparaît aussi au générique en tant que producteur délégué) mêlant sons typiques de l’époque au rap ou autres Lana del Rey actuels. Les costumes sont magnifiques, les décors également – même si je suis moins fan de l’utilisation des couleurs tantôt flashy, tantôt grises pour signifier les différences de quartier ; ça va Baz, tu ne vas pas non plus nous mettre une pancarte “ici quartier pauvre, ici quartier riche” !
Voilà ce qui pèche, je trouve, au bout d’un moment : le manque de subtilité. A tel point que j’ai fini par m’ennuyer. Vers la fin, Bazounet ne sait plus trop quoi nous dire, alors il répète, au cas où on n’aurait pas compris, en variant les formes (flash-backs, voix off, etc.).

Côté acteurs, je me suis régalée. Carey Mulligan est ma nouvelle chouchoute (oui, bon, je sais, je suis pas la seule), je la trouve terriblement touchante et délicate, notamment dans ce rôle de femme tiraillée entre deux hommes ; j’utilise le terme “hommes” et non “sentiments” sciemment, on ne sait jamais réellement si elle aime vraiment un des deux ou si elle voudrait juste échapper à son quotidien lié à un homme qui la trompe à tout-va MAIS qui lui offre la sécurité et une situation, pour une histoire romantique à souhait, mais qui l’éloignerait de la bienséance et entraînerait la perte de son statut.
Leonardo DiCaprio est, comme toujours, excellent…et ne semble pas vraiment vieillir. Impossible de savoir l’âge des personnages qu’il campe au fil de sa filmographie. Il joue ici homme éperdument épris de son amour de jeunesse, qui veut à tout prix la récupérer après toutes ces années, sans réellement se soucier de ses envies à elle. Il a tout prévu, a décidé que cela devait se passer d’une façon et pas d’une autre et va jusqu’à mettre les mots dans la bouche de sa dulcinée (ce que son mari ne manque pas de faire non plus : après tout, dans les années 20, les femmes avaient besoin qu’on les “aide” à réfléchir).

En revanche, j’ai eu un gros problème avec Tobey Maguire. Et pas seulement à cause de son air benêt (mais benêt !). Son personnage m’a fortement troublée…et pas dans le bon sens du terme. Il interprète le personnage “principal”, autrement dit celui avec lequel le spectateur est supposé s’identifier, celui qui le fait entrer dans ce monde nouveau avec lui. Eh bien ce personnage est tout simplement totalement insipide. J’imagine que dans le livre c’est mieux exploité car cela fait bien évidemment partie des thèmes abordés. En effet, il n’est que spectateur de ces vies, à aucun moment il n’intervient d’une quelconque façon si ce n’est pour arranger les personnages principaux. Il se prend pour un confident, croit qu’il est le seul à réellement apprécier Gatsby, mais il se contente d’écouter Gatsby et sa cousine se plaindre, de regarder ces gens vivre, mais ne les conseille jamais, n’intervient pas dans leur discussion. Il en vient même à oublier lui-même son anniversaire. Et personne ne lui demande plus ! Il les regarde vivre, et c’est sa seule fonction.

Cela rend la fin particulièrement tragique.

*ATTENTION SPOILER*
A la mort de Gatsby, personne ne vient à son enterrement. C’est déjà plutôt triste comme constatation. On nous dit ici : les gens ne s’intéressent aux autres que par intérêt. Ils n’avaient aucune considération pour leur hôte de soirées fantasques et en ont encore moins pour sa mort. Même la femme qu’il aime et qui est censée l’aimer n’assiste pas à son enterrement. Bien sûr, elle est manipulée par son mari mais il est bien évident qu’elle se laisse complètement faire. Elle sait que Gatsby s’est présenté comme le coupable à sa place, elle n’essaie pas deux secondes de savoir ce qu’il advient de lui. Quand bien même le mari esseulé n’aurait pas décidé de le tuer, la police s’en serait bien mêlée au bout d’un moment !
Cet enterrement est vide, peuplé uniquement de journalistes et du pauvre Nick qui croit avoir un réel rôle : celui d’être l’unique ami de Gatsby. Alors qu’il est bien évident que celui-ci ne faisait que se servir de lui. Il a lui-même été victime de la superficialité et l’opportunisme de Gatsby, chose qu’il reproche aux absents. Oui, c’est sacrément déprimant comme vision de la société. De là à dire qu’il a tort…
*FIN SPOILER*

En bref, ce film donne envie de lire le bouquin, car on sent que les thèmes abordés doivent être passionnants…mais dans le film, on s’ennuie. Au bout d’une heure, on a envie que cela se termine. Vraiment 2h30 c’était trop. Et aussi ce qu’on retient du film : Tobey Maguire n’a vraiment aucun charisme ni aucun charme. Et ce n’est pas seulement dû au rôle.
Holly_Golightly
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le 3 juin 2013

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