Giorgino
5.9
Giorgino

Film de Laurent Boutonnat (1994)

Un film gothique dans un contexte de fin de Première Guerre mondiale, c'est une combinaison insolite mais attirante. Hélas l'ensemble du film souffre d'un mal qui aura pour effet de très vite calmer l'enthousiasme suscité par cette idée originale.


Ce mal : pathos. Tout repose là-dessus (accompagné d'un peu de glauque également). Alors à force on se surprend bien plus à pouffer de rire ou à lever les yeux au ciel qu'à avoir la moindre empathie pour ces gens qui font des choses sans réel intérêt narratif ni but final. Les situations plus larmoyantes les unes que les autres me font penser que si le film était sorti une décennie plus tôt, il aurait sûrement eu droit à son adaptation encore plus larmoyante en anime japonais des années 80 destiné aux enfants, à la Rémi sans famille. Quoi que, cela aurait nécessité que le réalisateur n'affiche pas autant ses regrets d'avoir loupé sa voie dans la pornographie. (Un certain érotisme n'aurait pas été aussi malvenu que ces quelques plans glauques et ces seins qui pendent dans la neige).
En revanche si le film était sorti une décennie plus tard, cela aurait été parfait pour que Boutonnat trouve sa voie dans les fan-fictions, avec ses dialogues bien trop longs pour un film, ainsi qu'inutiles, mal écrits, qui bien sûr en rajoutent une couche sur la tristesse et l'étrangeté maladroite des personnages (un village entier de personnes abîmés psychologiquement par les tragédies de la vie et de la guerre, pourquoi pas ! Mais faut-il encore qu'ils soient bien construits, aussi secondaires soient-ils).


Après le visionnage du film, je me dis que peut-être les vieux clips de Boutonnat me plaisent parce-qu'un clip ne nécessite pas de construction narrative aussi forte qu'un film... surtout un film de 3 heures. Il y a de belles images mais elles sont insuffisantes, rien qui ne puisse rattraper le reste.
À se demander si ce n'est pas l’œuvre d'un réalisateur à l'ego démesuré si bien qu'il se permet de faire un film de 3 heures comme un Stanley Kubrick le ferait (la comparaison est réfléchie il suffit de voir les clips de Libertine et de Pourvu qu'elles soient douces). Un réalisateur qui a instauré un certain style dans ses clips qu'il croit suffisant et adapté à un long-métrage, de sorte qu'il ne cherche pas à le repenser. Et, qui mise tout sur l'aura de son actrice en espérant faire oublier qu'elle n'est pas actrice de métier. (Et-ce que ça marche ? Bien sûr que non).

Theda_Bara
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le 31 janv. 2020

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