"C'est très beau mais c'est très lent". Voilà, je crois que cette phrase résume plutôt bien ce film réalisé par Laurent Boutonnat et sorti en 1994. Complètement boudé lors de sa sortie et ayant fait un bide monumental, il semble avoir depuis reconquit un certain public et rassemblé une petite communauté de fans non négligeable. Mais je dois personnellement avouer que j'ai passé un très long moment ! C'est l'histoire d'un jeune docteur qui, à la toute fin de la Première Guerre Mondiale, tente de retrouver un groupe d'enfants mais il tombe sur un orphelinat désert se trouvant dans un village aux habitantes hostile. Bon ça ne m'étonne pas trop que nous ayons un scénario comme celui-ci de la part de Boutonnat car, dans les clips qu'il a tourné pour Mylène Farmer, on voyait déjà un certain intérêt envers ce type d'histoires tragiques et mélodramatiques dans des décors d'époque et très souvent brumeux. Mais si cela fonctionne très bien dans les clips, et notamment dans "Tristana" qui est magnifique et qui ressemble par ailleurs énormément au film (dans le style visuel du moins), cela fonctionne beaucoup moins au cinéma, surtout quand cela dure trois heures ! On a déjà eu des films de trois heures et même plus d'ailleurs, mais seulement, je trouve qu'ici, il n'y a rien à raconter ! C'est bien beau de voir de belles images mais au bout d'un moment, on aimerait aussi pouvoir se rattacher à une histoire. Une histoire, il y en a une, mais seulement, elle n'est absolument pas assez étoffée pour être étendue sur trois heures, ça aurait pu être bouclé en une heure et demie ! Surtout qu'ici, l'ambiance est très pesante et que c'est réellement lourd pour le spectateur de rentrer dans une histoire aussi pessimiste et sombre que celle-ci ! Dans les clips de Mylène Farmer, ça ne dure qu'entre dix et vingt minutes (et encore pour un clip, c'est énorme, c'est un court-métrage quoi), nous avons donc le temps de profiter à la fois de l'histoire, de la musique, des décors et de l'ambiance, notamment dans l'inoubliable "Pourvu qu'elles soient douces" d'une durée complète de dix-sept minutes, sans se lasser. Ici, c'est honnêtement très dur de rester concentré trois heures sur une histoire qui n'a finalement que très peu d'intérêt. Malgré tout, il est vrai que la photographie est magnifique, le style de Boutonnat est très marqué (surtout lorsqu'il filme sa muse) mais correspond bien à l'ensemble et au ton qu'il veut donner. En ce qui concerne les acteurs, nous avons (le très beau) Jeff Dahlgren, accompagné de Mylène Farmer bien évidemment, dans leur premier rôle au cinéma et ils ne s'en sortent franchement pas mal du tout ! Je me range donc malheureusement du côté de l'avis populaire en ce qui concerne "Giogrino", à savoir que nous avons plus l'impression d'assister à un très long clip de trois heures qu'autre chose.