Cette semaine, Cannes oblige, ne sont sortis que deux biopics sur des stars des années 50 dans nos salles obscures : Grace de Monaco et Godzilla, personnellement j’ai choisi le lézard au navet annoncé.


Je l’attendais dû à une campagne virale réussie et une certaine admiration pour le premier film de son réalisateur : Monsters, sorte d’apocalypse now sauce la guerre des mondes (rien à voir avec celui où il y a Charlize Theron moche, que je classe aussi en SF rien que pour ça) rempli de bonnes idées.


Ici le rythme rappelle (trop) les films de monstre des années 70,80 (style Aliens ou les dents de la mer), c’est-à-dire une division en deux parties, une première heure échouant à faire monter la tension en alignant des clichés autour d’un drame familial médiocre en attendant l’arrivée des grosses bestioles et une seconde heure principalement dédié aux combats de titan que se livrent lesdites créatures. Toutefois là où le film se démarque c’est par son ambiance très sombre notamment à travers une ville japonaise abandonnée où la nature reprend ses droits et les cataclysmes ambulants qui une fois n’est pas coutume ont pris les Etats Unis comme terrain de jeu. Le parti-pris de placer l’action du point de vue humain est la seule vraie bonne idée du film, de ce côté-là plus proche de Cloverfield que de Pacific Rim, la caméra peine à nous montrer la bête en entier tandis que les militaires n’ont jamais paru aussi frêles et impuissants face aux titans qu’ils affrontent laissant à Godzilla le rôle de sauveur de l’humanité.


Du point de vue du casting, Binoche fait figuration (et dire qu’elle avait refusé de jouer dans Jurassic Park), Brian « Heisenberg » Cranston est excellent mais, contrairement à ce que laisse présager l’affiche, n’est pas le héros du film et Aaron Taylor-Johnson, méconnaissable depuis kick ass, interprète très correctement un personnage fade. Rien de marquant à part peut-être le look de Godzilla qui fait polémique de par ses rondeurs mais que j’ai personnellement trouvé réussi car il reste imposant même face à des créatures de sa taille.


Malgré de gros défaut le réalisateur sait distiller des passages cultes qui s’enchainent avec plus ou moins de cohérence (le train, le saut en parachute) et qui pour certains n’étaient pas dans la bande annonce. La 3D renforce l’immersion dans certaines scènes. Loin d’être indispensable, elle n’est toutefois pas qu’un gadget ce qui est fort sympathique.


On retiendra surtout le fan service bien dosé (les magnifiques huit secondes de cris à chinatown qui ont copulé avec mes oreilles, l’attaque spéciale de Godzilla somptueusement amenée), un design nouveau et bien foutu des Kaïju (= grosse bestiole des films japonais) ainsi qu’une omniprésence du nucléaire qui rappelle le Godzilla originel de 1954 bien que ce Godzilla soit comme dans les films suivants un sauveur de l’humanité plus qu’un destructeur.


L’annonce d’une suite face au 200 millions de dollars engendrés avant même la fin du premier week end d’exploitation laisse espérer un second film sur les mêmes bases mais mieux rythmé et doté d’un scénario qui n’essaye plus de faire un drame humain avec un dragon atomique nippon.

Cinématogrill
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le 3 oct. 2018

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