King Kong, L’attaque de la moussaka géante … et bien entendu Godzilla … de vieux films kitsch des années 30’s 40’s 50’s 60’s arborant des acteurs vêtus de costumes en mousse détruisant des ville-maquettes en carton, s’ensuit de la science-fiction/fantaisie des 80’s 90’s tout en animatroniques (Jurassic Park, Terminator …) filmée en décors réels. Puis vint l’âge des effets numériques et avec cette méthode (et quelques liasses de $$$) la possibilité de retranscrire fidèlement à l’écran la vision des réalisateurs/producteurs … Cette liberté d’expression a ainsi rouvert la boîte de Pandore gratifiant le spectateur fan de série B de petites perles que sont Cloverfield, Pacific Rim ou encore … Mega Shark vs Giant Octopus.


Le film de monstre se base sur les effets de gigantisme et de destructions massives à la fois jouissives et pourtant l’écho de nos peurs primaires … reflets déformant de la lutte entre la force brute de la nature et l’ingéniosité / la fourberie de l’Homme. De ce point de vue, Godzilla est parfaitement réussi. Ainsi les fourmis que nous sommes gesticulent de manière désordonnée et échafaudent plans sur plans sans le moindre effet sur la situation. L’Homme est un spectateur et le restera … un constat criant de vérité. Et que dire des combats … Titanesque / gargantuesque sont les mots les plus à même d’exprimer mon ressenti. L’écran vibre à chaque frappe, chaque morsure. Les impacts résonnent dans l’image à mesure que les immeubles s’effondrent, les ponts s’écroulent, la chaussée s’affaissent et que d’une cité pleine de vie il ne reste que des cendres.


Quant au design du Godzilla (2014), il se rapproche enfin de l’original ; avec sa dizaine de “dorsales”, son cuir couleur cendre, ses épaules de déménageurs, cette aura bleutée qui émane de sa colonne vertébrale. Bien moins “filiforme” que dans le précédent film (New York, Jean Réno ...) Godzilla est désormais un monstre de la création et non plus un semblant de méga Tyrannosaurus Rex amateur de sushi. Et pour une fois, le challenge proposé par les scénaristes est à la hauteur de notre grand lézard des bas fonds.


Avec un budget de 160 voire 170 millions de dollars US et malgré les plusieurs dizaines de millions consumées pour créer le monstre et les villes en ruine, traces encore fumantes de son passage, le film se permet le recrutement d’acteurs en vogue. Bryan Cranston (Malcolm, Breaking Bad) plus touchant que jamais et jouant un ingénieur nucléaire. Aaron Taylor-Johnson (Kick Ass) campant un militaire stéréotypé et donc le personnage le moins intéressant marié à une infirmière jouée par Elizabeth Olsen (Oldboy) … ou encore Ken Watanabe (Inception), un scientifique fan “number ONE” de la bête. Face à cette pléiade d’acteurs, le scénario se sent donc obligé de refréner le monstre qui est en lui pour mieux gaver le spectateur de clichés et dont le film ne sort malheureusement pas indemne. La performance des acteurs est à saluer et plus particulièrement celle de Bryan Cranston, transformant une séquence vue et revue en un moment de pure détresse émotionnelle.


La pellicule s’éternise ainsi près d’1h40 sur l’aspect humain (et donc les personnages) … perte de proche (mourant derrière une vitre), héroïsme et patriotisme façon Delta Force (tirer au Beretta sur Godzilla) … et oublie par la même occasion que la force d’un film Godzilla reste le dit Godzilla lui-même libérant tout sa puissance sur les grandes métropoles. Museler la Bête … Hollywood a donc osé …


Malgré un scénario en deçà porté à bout de texte par des acteurs confirmés mais misant tout sur le penchant humain pour la survie, Godzilla reste un divertissement viscéral nous calant 2 ou 3 torgnoles lors des séquences de combat mais perd son identité, celle de “film de monstre”, pour lorgner sur le film catastrophe.

Silent_JayFR
6
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le 14 avr. 2019

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Silent_JayFR

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