Après un Godzilla emmerichien caricatural au possible et un Pacific Rim mou de chez mou, le nouveau Godzilla signé Gareth Edwards ne pouvait qu'être une claque. Déjà, le scénario, s'il ne réinvente rien du tout, a au moins le mérite de ne pas (trop) sombrer dans le cliché, les personnages archétypaux du film étant traités avec suffisamment de subtilité pour que ça passe bien, évitant soigneusement les longs discours patriotiques de chefs de l'armée ou même du président en personne avec la belle musique émouvante au violon, le pathos super forcé et d'autres merdes de ce genre (Emmerich a vraiment laissé des séquelles). Comme trop souvent avec les productions hollywoodiennes, cependant, c'est le personnage principal qui est le plus oubliable, sans âme, d'une fadeur insupportable, un véritable True American Hero, mais sans aucun charisme. À côté t'as Bryan Cranston qui soulève le film de la plus belle des manières et qui aurait franchement dû avoir un rôle plus important dans le film (relégué au rôle du "scientifique qui avait tout prévu", faut le faire), il aurait même carrément dû avoir le rôle principal à la place de l'autre chiffe molle de militaire. L'action est quant à elle tout simplement époustouflante et le CGI est absolument sans faille, probablement le plus réussi qu'on ait pu voir dans un film du genre, en grande partie grâce aux partis-pris esthétiques de tout camoufler dans la brume, de préférer montrer des parties de monstres plutôt que tout le bataclan. La première apparition du Muto, par exemple, avec ces jeux d'ombres et ces zooms, donne vraiment un sentiment de grandeur à la bête, grandeur qu'on ne ressentait pas dans Pacific Rim malheureusement, mais aussi un sentiment d'inconnu, à la manière d'Alien. Visuellement, c'est donc particulièrement glorieux. Et Godzilla dans tout ça ? Il pue la classe avec son look humanoïde en hommage au vrai Godzilla et son attitude de gentil dino sauveteur blasé, ça rompt complètement avec le lézard destructeur d'Emmerich (on en revient toujours à Emmerich), c'est le vrai Godzilla lui, celui qu'on a envie de voir triompher. Certains trouveront toujours qu'on ne le voit pas assez, mais Edwards crée justement une attente formidable grâce à ça, il rend chaque apparition du monstre, aussi furtive soit-elle, profondément jouissive, marquante. Un blockbuster titanesque, dans tous les sens du terme.

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le 25 mai 2014

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Francis Janvier

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