Au départ, je m'attendais à voir un film de bestioles, certes, mais un bon film de bestioles. J'avoue que j'ai été séduit par la bande-annonce: ce saut en parachute sur la musique du Requiem de Ligeti, avec une ombre qui se dessine dans le brouillard... un film de bestioles est rarement un film intellectuel, mais peut être un excellent film d'ambiance.
Premier doute en entrant dans la salle quand un ami me demande: "Tu as lu le synopsis?" "Euh... non, pourquoi?" "Pour rien, je veux pas t'alarmer, on verra bien".
2 heures plus tard, je le lis, et je me dis qu'effectivement, ça annonçait la couleur de ce qui est le pire blockbuster que j'ai vu depuis longtemps.
Par où commencer? Le problème majeur du film tient dans le synopsis: Godzilla, c'est un film de bestioles, c'est un film d'ambiance, c'est un film-catastrophe... Quelqu'un peut-il me dire quel intérêt cela a de suivre les tribulations d'un marine (Youhéssé oblige, Godzilla est japonais mais on s'en fiche) perdu dans une histoire à l'eau-de-rose où il essaie de retrouver son cliché de foyer américain, c'est-à-dire sa femme (forcément infirmière) et son jeune fils (forcément avec beaucoup de cheveux bouclés et de kilos en trop)?
Aucun intérêt, et pourtant le film est plus bâti autour de l'histoire de Ford Brody que des bestioles elles-même. Les incohérences scénaristiques se multiplient pour tenter de trouver une justification à sa présence dans telle ou telle scène, alors même que ni le personnage ni ses actions n'apportent quoi que ce soit à l' "histoire" (je mets des guillemets, parce que le scénario, euh...).
Seulement, le film a décidé de nous assommer sous les clichés, alors il faut montrer un marine qui passe son temps à sauver des enfants (le sien, celui des autres...), et surtout, SURTOUT, l'armée américaine dans toute sa gloire. On frise presque le film de propagande militaire, avec des plans d'armada digne des pires moments de Transformers. Et là encore, aucun intérêt pour l'histoire...
[SPOILER]
...vu que à la fin, ce sont les bestioles qui s’entre-tuent elles-même, l'armée n'ayant réussi qu'à causer des dizaines de milliers de mort supplémentaires. Ce dont tout le monde se rend compte, sauf apparemment les scénaristes, puisqu'ils essaient de nous faire croire à la fin du film que tout va bien, le monde est sauvé, l'armée aidée par Godzilla a vaincu les méchants monstres (le dernier plan montrant une bombe H amorcée par ladite armée éclatant à pas 10 miles des côtes de Californie, mais bon... détail).
Et si on parlait des bestioles? Même là, c'est raté. Il y en aura trois au total, dont aucune n'est vraiment crédible, et surtout pas Godzilla lui-même, dont les animations faciales font peine à voir. Leur combat final aurait pu être classe, mais est finalement très peu montré en proportion des plans à la gloire des technologies militaires, et même là, ils sont si peu crédibles qu'ils frisent parfois le ridicule.
Les acteurs? Aaron Taylor-Johnson livre une très piètre performance, et même des acteurs plus renommés (Ken Watanabe notamment) peinent à convaincre. La faute sans doute à une direction d'acteurs inexistante.
Un mot encore sur le techno-babble: comme je l'ai dit, on ne peut pas exiger que ce soit un film intellectuel. Mais était-il vraiment nécessaire de mettre cette longue scène où pendant 10 minutes, on assomme le spectateur sous 3 tonnes de clichés pseudo-scientifiques?
Extraits choisis: "Nous croyons dominer la nature, mais c'est elle qui nous domine" ou autre "Godzilla est là pour restaurer l'équilibre". De quel équilibre on parle, on se le demande d'ailleurs, puisque à la fin il tue les méchants, sauve San Francisco et l'humanité, échange un regard ému avec le soldat-héros, reçoit la médaille d'or du Congrès et s'en retourne dans l'océan.
Je pensais me lancer dans une liste des incohérences scénaristiques, mais je laisserai ça aux youtubeurs. Ne manquez pas les honest trailers et autres, ils promettent d'être hilarants.
Ah, j'allais oublier: la 3D n'apporte rien.
Que reste-t-il? Quelques plans classes, comme celui de la bande-annonce ou la ville évacuée, vers le début du film. Et un petit bout de papier au fond de votre poche, que vous avez payé 10€...