A mon tour de faire le point sur Godzilla, mon "wost wanted" de 2014. Suite à la première bande annonce j'ai su résister à la campagne promo du film et aux extraits qui en disent trop. Dire que la journée a été longue jusqu'à l'avant première de 19h45 est un euphémisme.

Depuis quelques mois, je m'attache à regarder chaque film de la saga et ai pris un vrai plaisir à regarder la période 50's - 60's (on sent que ça commence à virer au kitsch fin 60's avec Ghidorah). Certes les films ont pris un coup de vieux mais il y a une certaine aura autour de cet univers et toute une symbolique qui prend tout son sens remise dans le contexte de l'époque (cela dit, le nucléaire est régulièrement au cœur de notre actualité). Cette démarche m'a permis de dépasser la simple connaissance du blockbuster d'Emmerich que la plupart des gens connaissent et affectionnent, moi-même l'ayant adoré dans mon enfance (ça fait des années que je n'y ai pas jeté un œil). Ce dernier point jouera surement beaucoup dans l'appréciation que chacun pourra se faire de ce cru US 2014. Soyons clair, il faut oublier l'épisode de '98 et revenir aux sources! Godzilla se veut un reboot et un hommage au géniteur d'un genre né il y a 60 ans.

D'emblée Godzilla peut diviser. Certains le verront comme un formidable reboot et d'autres comme un énième film d'action scénaristiquement plat. Il y a du vrai dans les deux mais ne vous y trompez pas, cela n' handicap pas le film pour autant dans son rôle de divertissement.

Alors est-il un bon Godzilla? Assurément! Le film s'inscrit parfaitement dans la saga du célèbre Kaiju et l'on y retrouve tous les éléments qui font le charme des premiers opus.
La réalisation est globalement au top, la mise en scène maîtrisée avec des plans magnifiques et travaillés (ce saut en parachute!) et l'ambiance de désolation est là. Le design de Godzilla a été repensé et se montre à la fois fidèle aux originaux et massif. Quant au reste du bestiaire, c'est plutôt réussi également (quand on voit ce qui a pu être fait ces 60 dernières années...). Les affrontements entre les bébêtes sont titanesques et les immeubles s'effondrent par dizaine. Sur ce point la, pas de mauvaise surprise, et l'achat blu-ray s'avère déjà indispensable. Je fais volontairement l'impasse sur la 3D qui est juste correcte (surtout après The Amazing Spider-Man 2) mais qui ne gâche pas le film pour autant. Je ne suis pas expert sur les rendus 3D au cinéma et j'avoue ne pas y être très sensible non plus.

Le rythme très progressif du film contribue largement à instaurer une certaine tension, le tout appuyé par une bande son discrète mais angoissante (Le requiem mes amis, le requiem!!!). Le fait d'introduire les créatures progressivement, majoritairement de nuit, mais aussi dans la brume ou la poussière permet à la fois de faire monter la pression au fil du film mais aussi de ne pas nous gaver avec des combats à rallonge. Ces interventions ponctuelles des créatures renforce leur impacte à chaque apparition. A l'image du film de '54, c'est essentiellement les humains impuissants que l'on suit et qui essaient tant bien que mal de repousser la menace (force militaire). Godzilla conserve donc son status de star, tantôt menace, tantôt sauveur, mais Gareth Edwards a eu la bonne idée de ne pas en faire de trop autour du monstre.

Scénaristiquement, c'est efficace mais terriblement classique avec quelques clichés made in USA que l'on aurait aimé éviter (le militaire sur tous les fronts, la course à l'armement des autorités, les enfants qui retrouvent leur famille par magie, etc.). Comme l'on pouvait s'y attendre, Juliette Binoche en Sandra Brody a un rôle secondaire et n'apparaît que quelques minutes à l'écran (le destin des acteurs français dans les productions US en sommes :roll: ). Néanmoins son intervention a un réel impact sur l'évolution psychologique du personnage de Joe Brody incarné par Bryan Cranston. Alors que l'on pouvait s'attendre a une belle performance, ce dernier déçoit un peu. J'ai trouvé le personnage intéressant et attachant, mais sa présence courte à l'écran. A vrai dire, c'est le seul protagoniste à aborder une démarche un tant soit peu scientifique/d'enquête. Il est amusant de voir que Ken Watanabe reprend le rôle de Daisuke Serizawa (interprété par Akihiko Hirata dans le film de 1954). Ce clin d’œil confirme le status de reboot du film. La ou le personnage (sorte d'Albert Einstein à la japonaise) apportait un vrai développement scientifique et une réponse à la menace pesant sur le Japon, son homologue version 2014 est bien trop passif à la vue de son implication dans la gestion de la crise. Il y a toujours eu des réactions militaires massives dans les films Godzilla, ce n'est pas une surprise, mais il est dommage de ne pas avoir développé d'autres réponses à la crise à travers les protagonistes du film. On peut aussi noter quelques incohérences ou prises de décisions stéréotypées ça et la.

En conclusion, je vous dirait que j'ai adoré Godzilla avec un grand A. J'y ai retrouvé le même plaisir qu'avec ses ainés. Ce cru 2014 est un formidable hommage au genre ou l'ambiance l'emporte haut la main sur les lacunes scénaristiques. Les films de Kaiju n'ont jamais été des maîtres étalons de la narration, celui-ci n'y fait pas exception. Alors oui, on est en 2014, tout le monde peut faire de beaux effets spéciaux à coup de dollars, ça ne suffit plus, le scénario ça compte, et bla bla bla... Il est vrai que si la série vient a accoucher de nouveaux rejetons, elle ne pourra pas se limiter à la même recette et devra combler cette lacune. En attendant l'histoire fait son office, l'ambiance est monstrueuse et Gareth Edwards a pondu LA relève que mon cœur de fan attendait.
Jesterhell
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le 15 mai 2014

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