Avant de passer à la critique, je tiens à préciser que je ne suis pas un fan du monstre et que ma culture cinématographique de la saga se limite au film de Roland Emmerich, qu’il est de bon ton de détester. Je ne ferai donc aucun commentaire sur Godzilla, sa mythologie et ses thèmes. De toute façon, il n’y a pas besoin d'être un fin connaisseur pour comprendre que le réalisateur Gareth Edwards (Monsters) s'est bien foutu de notre gueule !

Papa Brody (Bryan Cranston, la deuxième caution du film avec Godzilla) et Maman Brody (Juliette Binoche) travaillent dans une centrale nucléaire au Japon. Maman Brody meurt lors d’un accident dans cette centrale, le jour-même de l'anniversaire du papa travailleur (quelle horreur, quel drame). Quinze ans plus tard, le fils Brody (Aaron Taylor-Johnson) et Papa Brody découvrent que cet accident n’en était pas un. En effet, il avait été déclenché par un étrange cocon émetteur d’ondes magnétiques, aujourd’hui sous la garde de l’entreprise MONARCH. Cette dernière effectue des tests radioactifs mais finit par libérer accidentellement le grand monstre, rapidement baptisé MUTO (parce qu’il fallait un acronyme pour faire sérieux et réaliste). Et ça, Godzilla ne peut pas l'accepter.

Vous pensiez assister à une orgie de combats et de destruction ? Pourquoi ne pas plutôt vous montrer les joyeuses aventures de Brody le militaire super sérieux qui fronce les sourcils. Et les prises de décisions de l’armée américaine totalement vaines puisque le gentil scientifique vient tout juste de dire que ça ne marcherait pas. Sans oublier les dialogues tellement nuls et premier degré que vous finirez par bouffer les accoudoirs de votre siège. Mais Godzilla et le MUTO dans tout ça ? Ils se crient dessus, détruisent quelques immeubles, et repartent sous l’océan. Pendant une heure.

Plus le film avance, plus la problématique apparaît comme une évidence. Malgré toutes les réunions de qualité supérieure entre le réalisateur et le studio, on voit bien que Godzilla n’a rien d’autre à proposer qu’un affrontement final dantesque de 20 minutes, mais avec lequel il va falloir broder un scénario pour tenir le spectateur en haleine. Selon le service marketing, la recette est simple : il suffit d’ajouter quelques explications scientifiques que personne ne relèvera, des dialogues insipides, des destructions d’immeubles génériques, et des protagonistes avec qui “vous devez vous attacher, regardez-moi toute cette tragédie après 2 minutes de film !”. En bonus, pour la bonne réussite du film sur le territoire US, on ajoute la stupide armée américaine dirigée par des imbéciles profonds mais construite sur la bravoure du soldat lambda. Vous avez vu ça 1000 fois, j’ai vu ça 1000 fois et personnellement, je suis à bout.

La seule question qui me reste est "tout ça pour ça ?" Tout ce battage médiatique, cette campagne de com' longue durée sur les réseaux sociaux, la mise en avant d'un acteur adulé, un Walter White presque inutile dans le film. Les premières vidéos nous ont fait saliver, la moindre information était relayée et décortiquée par les sites geek. Pour finalement se retrouver devant un blockbuster basique, beau, mais terriblement chiant.

Si Godzilla avait été un film porno, il vous aurait tenu en haleine pendant 1h40 avec un bout de fesse et quelques préliminaires, avant d’entrer enfin dans le vif du sujet. Et vous connaissez la réputation des films pornographiques pour le brodage...
Aerik
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le 16 mai 2014

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Aerik

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