Dans la série reboot, je demande la grosse bestiole radioactive. Godzilla donc. La bande annonce qui annonçait cette relecture du monstre laissait présager un blockbuster massif, conscient et anxiogène, d’autant plus que le projet est mené par Gareth Edwards, auteur d’un premier film malin et efficace, Monsters, qui compensait un manque de moyen évident par une utilisation intelligente du hors champ et une trame narrative solide aussi bien politique qu’émotionnelle.
Malheureusement, la mise à disposition de moyens monstrueux par Warner et la pression qui va avec ont semblé agir comme une anesthésiant sur la créativité et l’ingéniosité du jeune réalisateur. Si Godzilla remplit honorablement ses obligations de gros film d’action (le cahier des charges moderne voulant qu’il ne reste plus un immeuble debout à la fin est respecté), il pêche franchement dans le storytelling et manque clairement d’une vision personnelle forte. Pourtant les premières minutes sont encourageantes. Un générique superbe fait de fausses images d’archive, une introduction intéressante… et puis quasiment plus rien si ce n’est un nouveau film de monstres basique et ennuyeux, une série B visuellement impressionnante (mais on commence à être habitués), mais qui abandonne très rapidement ses personnages (certains laissaient pourtant entrevoir de jolis potentiels – quel gâchis à la vue du casting). Godzilla se résume alors à un film de guerre lambda, sans âme et sans relief, où l’on suit assez indifférents la traque par l’armée des grosses bébêtes dont la genèse reste confuse et si elle respecte les bases du mythe (l’origine nucléaire), ne l’a transcende jamais. Si l’inspiration de Gareths est comme il l’affirme le cinéma de de Spielberg, il ne parvient pas ne serait-ce qu’à s’en approcher. A aucun moment on ne ressent la peur, l’angoisse. Parce qu’on n’a aucun personnage à qui s’identifier, parce que le réalisateur échoue à distiller un climat de mystère, à installer une menace latente (on est bien loin des Dents la mer ou de Jurassic Park). Si on découvre effectivement Godzilla sur le tard, l’effet est plombé par l’omniprésence des autres créatures, et leur affrontement à San Francisco, déshumanisé (les civils sont totalement oubliés), fait perdre toute dimension dramatique au film.
Si Godzilla n’est pas aussi idiot que Pacific Rim dans le genre film de monstres, il n’en est pas forcément plus intéressant.

Créée

le 27 nov. 2014

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