Du lézard grillé au menu

S'il est un film qui s'est bien fait massacrer, c'est le remake de Godzilla, film culte japonais traitant d'une peur oppressante du nucléaire. Est-il si désastreux? Essayons de faire la part des choses...

Je n'ai jamais terminé ce film. Pour quelle raison? Eh bien figurez-vous que je n'en sais pas grand chose, en fait. Surement était-ce du à des préjugés tantôt infondés tantôt justifiés, au fait d'y voir un Jean Reno jusque là cloîtré dans les comédies françaises, presque en tant qu'actionner; peut-être aussi parce que c'est le remake d'un film culte japonais, qu'il a été réalisé par Roland Emmerich, célèbre pour son cinéma mastodonte où il éclate les trois quarts de la superficie complète du monde, mais également parce qu'il a la réputation d'être une infâme bouse cinématographique pas même meilleure que le pire des Transformers, à savoir le second épisode.

Et comme je viens tout juste de le voir dans son intégralité, il est temps pour moi de rayer de mon esprit tous ces préjugés et de vous en faire une critique favorable. Bon, je tiens à vous le dire de suite : je ne vais pas en faire beaucoup d'éloges, car ce n'est pas un film superbe à la manière d'un Pacific Rim. Non, je vais tenter de rester impartial et de vous en parler comme il se doit, sans prendre en compte les autres commentaires qui ne peuvent s'empêcher de le démolir à tout va, la plupart des spectateurs s'accordant sur des points et des détails complètement idiots qui n'ont rien à voir avec l'oeuvre en elle même.

Tout d'abord, je tiens à préciser qu'il n'y a pas de scénario. Non, ne cherchez pas, il n'existe pas. Pas la moindre logique, beaucoup de "Ferme ta gueule, c'est scientifique", aucune originalité, pas de finesse ou de retournements de situation. Mais en même temps, ce n'est pas cela qu'on lui demande. C'est exactement la même chose que pour Pacific Rim. Beaucoup l'ont bâché parce qu'il possédait une intrigue au raz des pâquerettes ( bien qu'elle soit bien meilleure que certains l'ont prétendu ) et des personnages complètement stupides et clichés. Mais c'était le but, bon sang!

Ici, c'est exactement la même chose, avec peut être un peu moins de finesse et de volonté. On sent quand même que le résultat final a un peu échappé à l'équipe du film, tant il ressemble à un ersatz de King Kong et d'Armageddon réunis. Les dialogues, par contre, posent un gros problème.

Alors oui, comme je l'ai dit pour le scénario, on ne regarde pas ce long-métrage pour son écriture, mais certains sonnent tellement faux et sont d'une inutilité et d'une débilité tellement abrutissantes qu'on ne pourra que les bouder. Non mais sérieusement, certains sont d'une connerie totalement monstrueuse! La bêtise atteint tellement son paroxysme que cela en sera navrant! Autant le scénar ne gêne pas, autant là la pilule passe vraiment très mal!

Je pense notamment à presque toutes les scènes avec l’héroïne, dont le personnage se révèle d'une inutilité et d'une naïveté exaspérantes! Ajoutez lui une voix française dramatiquement mauvaise et une actrice qui n'y croit pas du tout, et vous verrez clairement le résultat dans votre tête. Donc, et je vous le conseille fortement, visionnez ce film en version originale! Parlons à présent du reste des acteurs. Sur ce point, il n'y a rien à redire, tous sont vraiment très bons.

Les mecs ont du niveau, et nous le font ressentir. Bon, attention, certains ne cassent pas trois pattes à un canard, mais le niveau est là. Ce ne sont pas de grands interprètes, mais ils nous fournissent leur cota d'expressions dramatiques et effrayées, et on n'en demande pas plus. Ils sont convaincants, un point c'est tout.

Plus haut, j'ai rapidement parlé de Jean Reno. Lui qui ne me donnait aucune envie de visionner ce long-métrage, cet acteur catalogué pour son rôle cultissime dans Les Visiteurs, ou encore pour son interprétation géniale dans Léon. Génial, je viens de tuer ce que j'ai dit au début, et vous prouver, par la même occasion, que mes préjugés étaient injustifiés. En effet, Jean Reno avait fait bien plus de films noirs ou d'action que je ne le pensais! Mais il n'empêche que je le cataloguais, avant "Godzilla", à des rôles tous plus drôles les uns que les autres.

Ici, Reno nous livre une prestation en déca de celles auxquelles il nous avait habitués, tout en restant dans la moyenne des bons interprètes du tout. Bien que cela fasse bizarre de le voir ainsi, il est réellement très plaisant. Il brise les frontières outre-atlantique et s'installe comme étant comique malgré un rôle sérieux. Et cela, les dialoguistes l'ont compris. Ils mêleront la culture française et celle américaine en nous livrant des scènes plutôt drôles ( cette fois de manière volontaire ), à l'image de celles du chewing-gum ou du croissant.

Chose plutôt étrange, les effets spéciaux de la créature sont assez inégaux. En effet, on sera autant de fois impressionnés par cette imposante force de la nature que surpris par une technique et un visuel à quelques instants dégueulasses. A côté de cela, certains clichés sont plutôt récurrents, mais vu le style du film, on ne va pas trop le violenter pour ce défaut, puisqu'on en trouvera trois fois plus dans n'importe quel quart d'heure de n'importe quelle scène de n'importe lequel des films de Michael Bay. Oui, c'était long comme fin de phrase. Interminable, dîtes-vous?

Godzilla n'est donc pas la catastrophe que certains prétendent qu'il est, et nous fournit plus que son cota de scènes incroyables et d'explosions à tout va. Divertissant et impressionnant, c'est exactement ce qu'on lui demandait. Il va droit au but, ne comporte pas de longueurs malgré sa durée importante. Un bon film du dimanche soir, qui vous divertira plus qu'il ne vous fera réfléchir. A voir si vous éteignez votre cerveau le temps du visionnage.

Critique publiée sur le blog.