En 1996, Roland Emmerich est sacré Roi d'Hollywood. ID4 a ravagé le box-office, fort de son intrigue ras-des-paquerettes et surtout d'un nationalisme extrême, main-sur-le-cœur et yeux-au-ciel, dérangeant pour quiconque vit à cinq mètres de la frontière ou tout simplement aime le cinéma...
Tous les choix s'offrent à lui, les majors soulèvent la jupe et écartent les fesses, il peut littéralement fourrer qui il veut... Et il va choisir de remplacer au pied levé Jan DeBont qui vient de lâcher Tri-Star qui avaient acheté les droits d'exploitation US après un development hell dans les années 80, à l'époque écrit par Fred Dekker...
Le projet : Godzilla.
C'est à dire que OUI, Godzilla a failli être écrit par le mec qui a pondu RoboCop 3, puis réalisé par le mec qui a fait Hantise et Lara Croft 2 ! Si ÇA, ça vous aide pas à relativiser, je ne sais pas ce qui le fera !
Godzilla '98 est un mauvais film. Frappé de stupidité, peu inspiré et placardant maladroitement ses influences, Roland peine à retrouver la fraicheur qui faisait la réussite de StarGate. Son monstre est juste une big mama triste qui ne fait que manger et fuir, et n'insuffle aucune âme au film, qui finit par être un spectacle aussi pétaradant qu'affligeant. Tout le monde s'accorde à le dire, je ne reviendrai pas là dessus...
Mais il a pour lui un charme désuet, un humour poussif carabiné, et de la destruction en-veux-tu-en-voilà : la stupidité n'est pas qu'un handicap, et dans son cas précis c'est un atout. Godzilla '98 est un film à voir entre potes avec des pizzas et des shots. Un film qui a parfaitement compris et assumé depuis toujours son statut de Merde-de-l'été et qui ne se consommera pas autrement sous peine d'être à nouveau montré du doigt et pendu sans procès.
Ça n'excuse rien, et tous les cinéphiles du monde étaient en droit d'attendre un vrai monument du 7e Art ( au prix que ça coûte, merde ! ) mais à la lueur de la mouture 2014, Dieu que je regrette de n'avoir pas défendu ce film plus tôt...