On aurait vraiment préféré le découvrir au cinéma, en IMAX 3D sono à fond au point de perdre ses lentilles de contact et virer sourd (les séances bébêtes qui nous manquent)... Heureusement qu'on s'est bricolé un home cinema (un projo, un mur blanc, des petites enceintes, et en voiture Simone), car voir Godzilla vs Kong sur son téléviseur (on ne parle même pas de l'ordinateur, tablette et téléphone) revient à manger une glace avec un cure-dent. Aucun intérêt. Le format est clairement fait pour nous en mettre plein les yeux et les oreilles (la caméra tremble de façon épileptique, les bestioles beuglent toutes les deux secondes...), mais sur un petit format, impossible de ressentir le frisson que devrait procurer une bonne scène de baston titanesque. Dommage, car le film est copieux en bagarres (Godzilla, Kong, Mecha-Godzilla, les rampants, des lézards volants, des vautours un peu bizarres... C'est la foire aux monstres) et l'on ne peut pas dire (pour notre part, en tout cas) qu'on s'est ennuyé, grâce à cette énergie destructrice bien présente. Aussi, si votre seul but est de voir de grosses bébêtes se taper dessus et hurler en montrant "qui est le boss", vous devriez trouver votre compte en regardant cet opus. Mais si vous avez le malheur de faire attention au scénario, vous vous demanderez combien de rails (pas de trains) ont pu prendre les scénaristes avant de pondre des passages qui ressemblent plus à du Star Trek mélangé avec Upside Down (une vingtaine de minutes où l'on hausse le sourcil devant tant de délires spacio-quantiques qui sortent de nulle part). On ne peut aussi s'empêcher de huer l'ouverture qui veut verser dans le énième degré d'humour en montrant Kong qui se gratte les fesses sur une musique digne d'une publicité pour machine à café, une séquence ridicule où l'on se demande dans quoi on s'embarque. Et puisqu'on a adoré cette ouverture (ironie), on nous la ressert en clôture (quelle chance). D'autres aspects du scénario n'ont cessé de nous déranger en cours de route, comme le nouveau look de Kong depuis Skull Island (il est beaucoup plus grand, pour s'aligner sur la taille de Godzilla), le fait que Kong soit maintenant un pro de la langue des signes (encore un délire bizarre des scénaristes) pour se faire mener à la baguette par une fillette sourde et muette (ça fait moins "boss", d'un coup), qu'on arrive à faire des défibrillateurs avec une navette volante posée comme par hasard au ras de la victime (alors que dans nos villes on n'est pas fichu d'en trouver un aux cents mètres), et évidemment qu'on sente arriver longtemps à l'avance
la collaboration des deux antagonistes pour vaincre Mecha-Godzilla
(dont on ne sait pas vraiment comment il s'est mis en route tout seul... On a bien des bugs sur nos ordinateurs, mais de là à avoir une conscience propre qui veut tuer la populace...). Pour ce qui est des "vrais" acteurs, on apprécie de retrouver Milly Bobby Brown (dont le personnage obtient la palme de l'incongruité totale de sa présence lors de la bataille : une suite de situations improbables pour l'emmener à Hong Kong), Alexander Skarsgard (plutôt convaincant) et Kaylee Hottle (la vraie "big boss" de l'histoire, qui mène les grosses bêtes au petit doigt). Évidemment, au niveau artistique (musique, mise en image, interprétations) nous sommes à des kilomètres sous terre (à peu près à hauteur de leurs engins spatiaux vitesse subsonique de Star Trek), mais ce n'est pas vraiment ce qu'on attend de pareille production, donc on peut passer l'éponge. Les scènes de bagarres titanesques sont copieuses et sauvent l'ennui, mais pas ce scénario à la Kong.