Je me souviens très bien du jour où j'ai découvert Gone Girl au cinéma... Je suis ressorti totalement chamboulé par le délicieux sentiment contradictoire que suscite l'antagoniste, à savoir un mélange de colère et d'admiration. Aucun doute, il s'agissait là d'une de mes expériences les plus intenses au cinéma.


Il faut bien l'admettre, ce film ne ravive pas les mêmes sensations au second visionnage. Ça n'en fait pas un mauvais film, loin de là, je trouve d'ailleurs que c'est commun à beaucoup de films de Fincher, tels que Seven ou Fight Club, dont l'effet de découverte est particulièrement impactant. C'est pourquoi je recommande à tous ceux qui n'ont pas vu Gone Girl de quitter cette critique et de n'en lire aucune, un spoil trop important pourrait gâcher une partie du plaisir.


Gone Girl met peu de temps à devenir captivant, et il ne lâche jamais le morceau. Entre mensonges, jeux de piste, violence et retournements de situation, tout favorise un suspense grandissant. Le rôle notable des médias ajoute une couche de mind game à ce qui semble vraiment être la guerre psychologique d'un couple.


Le scénario promène le spectateur à sa guise, et n'hésite pas à le faire douter. Il entretient une grande part de mystère, jusqu'au moment où l'on découvre les manigances de l'antagoniste qu'incarne Rosamund Pike, et qui est certainement l'une des meilleures interprétations d'antagoniste féminin.


On apprend à la connaître étape par étape : on sent tout d'abord un désir de vengeance plutôt justifié, son mari étant accusé de violences conjugales et de tromperies à répétitions, et on ne découvre sa folie que petit à petit. Elle est prête à tout pour aller au bout, que ça implique des mensonges à outrance, des manigances tordues ou même le meurtre. Elle n'a de cesse de nous surprendre, étant donné qu'on l'a longtemps prise pour la victime qu'elle n'est pas.


Bien que le reste du casting soit très bon, notamment Neil Patrick Harris qui sort du lot, l'interprétation de Rosamund Pike reste sûrement la plus percutante, surtout parce qu'elle représente l'archétype du personnage que l'on adore et que l'on déteste. Elle se fond parfaitement dans l'ambiance noire du film de Fincher, qui n'a quant à lui jamais si bien filmé les scènes de violence, pourtant très ponctuelles dans ce film.


Pourtant auteur de nombreux thrillers à l'ambiance noire et avec des antagonistes marquants (Seven, ou d'une certaine manière Zodiac), il s'agit certainement là de l'un des meilleurs thrillers psychologiques de Fincher.

Monsieur_Cintre
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le 2 avr. 2021

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Monsieur_Cintre

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