Je sors tout juste du cinéma, j'y suis allée avec une copine.
En rentrant chez moi, j'ai coupé lentement le contact de mon véhicule. Je me suis approchée de la porte de mon appartement, j'ai plongé la clé dans la serrure, mon chien aboyant derrière la porte. En entrant, j'ai vu mon conjoint assis à son bureau, me tournant le dos, sur son ordinateur, la pièce plongée dans l'obscurité, tous volets fermés.
J'ai posé doucement mon sac à main sur un fauteuil et je suis restée plantée une ou deux secondes à le regarder.
Remarquant mon silence, il s'est retourné, tout sourire "Coucou ma chérie ! Tu vas bien ? Un bisou ?"
Je l'ai regardé avec un oeil torve et j'ai sifflé entre mes dents "Si ça se trouve, t'es un putain de psychopathe"
Sa bobine s'interloqua, un sourcil s'arqua et il me répondit "Gnhein ? T'as picolé ? Hey, regarde, j'ai trouvé un nouveau jeu trop cool sur l'ordi ! T'as envie de manger quoi ce soir ? T'as une drôle de tronche, tu veux une bière ?"
Bon, face à une bière tendue, je me suis décontractée, mais quand même, on est jamais trop sûr de la personne avec laquelle on vit. Et "Gone girl" en est la preuve !
Je n'ai pas eu de coup de coeur concernant ce film mais il faut avouer que le scénario est carrément tordu et vraiment bien ficelé, ce que j'estime être une vraie spécialité chez David Fincher.
"Benjamin Button", "Fight Club" et "Seven" en sont, à mon sens, de parfaits exemples. Même si toujours pompés de livres à gros succès.
Maaaais, mais mais mais, l'esthétisme n'est pas son fort.
Déjà, (et c'est un avis totalement personnel hein, ne me fustigez pas) je ne trouve pas que Ben Affleck soit un très bon acteur. Il m'a semblé vide d'émotions alors que s'il y en avait bien un qui devait transpirer la peur, le doute, la colère, bref, tout ce qui fait un humain sensible dans des situations pareilles, ben ça devait être lui. Je l'ai toujours trouvé plutôt fadasse et malheureusement, son jeu d'acteur a été fidèle à lui-même pour ce film.
Ensuite, l’atmosphère est plutôt froide malgré quelques tentatives d'effets façon Instagram. La bande originale ne semble pas vraiment cadrer avec le sentiment d'angoisse et d'interrogations qu'on aimerait avoir. C'est comme s'il manquait une touche de sel dans un plat qu'on avait très envie de déguster.
En revanche, j'ai trouvé Rosamund Pike vraiment saisissante dans son rôle de femme mariée manipulatrice et psychopathe. Absolument fascinante cette femme tantôt douce et attachante, tantôt glaciale et dangereuse, tantôt lambda et en cavale. Sa capacité à changer son angle de beauté selon l'attitude qui sied aux desseins de son personnage est une preuve de talent à l'état pur.
Concernant la présence de Neil Patrick Harris, j'ai été plutôt déçue. Lui, vendu comme l'un des acteur clé de la série "How I met your mother", m'a semblé tout aussi fadasse que Ben Affleck dans son pauvre rôle de l'épris délaissé et manipulé.
J'en viens à me demander si ce manque de goût concernant les rôles masculins du film ont un sens, s'il s'agit là de faire passer les gens "normaux" pour des personnages creux et "la folle" pour la plus humaine de tous. Je suis vraiment sceptique sur cet élément de réponse, mais bon, j'essaie de défendre le film comme je peux.
En sortant néanmoins, on a cette petite boule dans la gorge et ce regard alerte sur les gens qui nous entourent. Ce n'est pas la réalisation qui déclenche ce sentiment d'angoisse mais bien l'histoire en elle-même. Se dire que cela pourrait être possible, crédible et nous arriver fait s'installer une légère paranoïa et effectivement, regarder son conjoint d'une drôle de manière quand on passe le pas de la porte de chez soi.
En gros, une très bonne surprise même s'il manque une légère touche émotive dans la mise en scène et les techniques de réalisation.