Jusqu'à ce que la mort vous sépare....

Mine de rien, David Fincher est un des seuls (le seul ?) cinéaste américain en activité à s'être construit une filmographie quasi-parfaite (Seven, Fight Club, Benjamin Button...ça vous pose le bonhomme !) et dont même les films les plus mineurs (The Social Network, Panic Room ou l'excellente adaptation de Millenium qui enfonçait tranquillement son homologue suédois) sont sublimés par une réalisation et une narration de haut vol (fallait quand même être balaise pour rendre passionnant un récit sur la création de Facebook !).

Adapté d'un roman à succès, Gone Girl ne déroge pas à la règle et s'impose rapidement comme un des films les plus profonds du metteur en scène et comme son plus féroce depuis Fight Club. En effet, si on s'attend très logiquement à voir voler en éclat le canevas de thriller pépère annoncé par le synopsis, rien ne nous prépare au jeu de massacre concocté par Fincher et sa scénariste Gillian Flynn (l'auteur du roman). Car Gone Girl n'est rien de moins qu'une brillante et cruelle réflexion sur le couple et le mariage, doublée d'une satire impitoyable sur les médias.
Un film méchant, agressif et sulfureux donc et où Fincher se pose en très digne héritier de ce fou furieux de Paul verhoeven (Robocop, Basic Instinct, Show Girls...) grand iconoclaste et pourfendeur du rêve américain devant l'éternel ! C'est bien simple, cela faisait des lustres que Hollywood ne nous avait pas offert une histoire faisant la part belle aux situations retorses et aux personnages ambigus.

L'ensemble est transcendé par la maîtrise technique totale du réalisateur qui continue de creuser le sillon formel amorcé avec The Social Network en collaborant à nouveau avec le chef opérateur Jeff Cronenweth et le duo Atticus Ross / Trent Reznor dont les compositions musicales discrètes ne font qu'accentuer le malaise ambiant. Enfin, on saluera les performances toutes en nuances des interprètes et notamment de Ben Affleck qui n'a jamais été aussi bon dans un rôle de (faux) brave type. Toutefois, c'est bien Rosamund Pike qui s'impose comme LA révélation du film tant elle est sensationnelle (une non nomination aux oscars serait scandaleuse !).

Au final, Gone Girl s'impose donc comme une certaine idée du film parfait et comme un petit miracle de production de par la maturité de son propos et la férocité du traitement appliqué par son génial metteur en scène. Une telle proposition de cinéma adulte et délicieusement pervers à l'heure du politiquement correct et de l'infantilisation du spectateur, c'était tout bonnement inespéré ! On en redemande !
Diego290288
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 11 oct. 2014

Critique lue 344 fois

4 j'aime

Diego290288

Écrit par

Critique lue 344 fois

4

D'autres avis sur Gone Girl

Gone Girl
Sergent_Pepper
8

Amy pour la vie

Brillantes, les surfaces de verre et les chromes étincelants des 4x4 d’une suburb impeccable du Missouri. Brillante, la photographie d’un univers bleuté, haut de gamme, au glacis de magazine. Beaux,...

le 22 oct. 2014

223 j'aime

22

Gone Girl
Kobayashhi
8

Lettre ouverte...

David Fincher, Il a fallu attendre que tu entres dans ta cinquième décennie pour réaliser ton plus beau film, il faut dire que contrairement à certains je ne t'ai jamais réellement voué un culte...

le 10 oct. 2014

180 j'aime

12

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

170 j'aime

32

Du même critique

Jason Bourne
Diego290288
5

L'épisode de trop...

Après une première trilogie cohérente et globalement réussie (on oubliera volontairement le spin-off raté avec Jeremy Renner...), on pensait que le duo Damon / Greengrass volerait vers d'autres...

le 10 août 2016

39 j'aime

6

L'Interview qui tue !
Diego290288
6

THEY HATE US CUZ THEY AIN'T US !

On ne va pas revenir sur tout le cirque politico-médiatique engendré par The Interview car n'en déplaise aux naïfs qui y voient une violente charge politique et aux hipsters qui dénonceront une...

le 25 déc. 2014

36 j'aime

3

Ghost in the Shell
Diego290288
3

EMPTY SHELL

Il est très difficile pour moi d'être objectif concernant Ghost in The Shell sachant que les films de Mamoru Oshii et la formidable série Stand Alone Complex ont été de véritables traumatismes geek...

le 29 mars 2017

35 j'aime

2