S'il y a bien un réalisteur qui sait nous surprendre tout en restant dans un style il s'agit bien de David Fincher, entre Fight Club electrique et un Social Network il semble y avoir un monde. Pourtant le réalisateur a toujours une passion perceptible : celle de l'humain, sa psychologie et les relations avec son monde. Disons le tout de suite, Gone Girl est l'apothéose de son cinéma.

Le synopsis est pourtant simple : Une femme disparaît le jour de son anniversaire de mariage dans des circonstances étranges et la seule personne à ne pas avoir d'alibi est son mari. Cela ressemble furieusement à un scénario de New York Police Judiciaire (comme le signale d'ailleurs un des protagonistes dans le film) et pourtant le sujet est en fait beaucoup plus complexe que ça.

Au fil du film Fincher va nous entraîner dans les travers du "monde des apparences". Ce couple sans soucis, de la petite bourgeoisie se révèle être en fait bien plus complexe qu'il n'y parait et ce mari si parfait pourrait être le plus grand salaud de l'histoire.

Le film n'hésite pas non plus à s'attaquer à des sujets qui dérangent, notamment la place de l'homme dans la société moderne. Fincher passe au passage une petite pique aux médias, présentés ici comme étant très féministes. Une critique sans condescendance d'un système où l'information va trop vite et où la moindre photo est sur-interprétée.

Minute après minute on s'enfonce dans son siège pris par l'ambiance horriblement malsaine de ce film. Entre suspicions, peurs, doutes, haine, beaucoup d'émotions se battent en duel durant la projection.

Il ne s'agit pas ici d'un film policier, ni même d'une enquête, le suspens étant finalement assez vite tué (sans mauvais jeu de mots). Dès la moitié du film, on sait ce qui s'est passé. Et si la première moitié du film est très intéressante dans le côté apparences . La deuxième moitié est ahurissante.

On s'étouffe et les dernières scènes du film sont littéralement asphyxiantes jusqu'à un final totalement sur-réaliste qui a laissé la salle dans la stupeur.

Avec ce film, Fincher est allé à l'essentiel, peu d’esbroufe à la réalisation, et dieu seul sait que cet homme est un génie dans ce sujet, une bande son minimaliste mais diaboliquement choisie. Tout est ici fait pour mettre l'homme (et sa femme) au coeur. A ce sujet, les acteurs réalisent là leur meilleur performance depuis des années. Un prétendant sérieux aux oscars et probablement un des meilleurs films de 2014.

Si le livre s'appelle "Les apparences" après avoir vu ce film on comprend pourquoi.

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le 16 oct. 2014

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Thomas Meeva

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