C'est toujours avec plaisir que l'on retrouve David Fincher, l'homme qui réalisa Fight Club et Seven (entre beaucoup d'autres) et marqua à jamais le monde du cinéma.
Cette année Fincher nous livre un thriller glaçant.
Glaçant. C'est le mot. A l'image de la scène d'ouverture (aussi scène finale) qui nous montre une Rosamund Pike terriblement effrayante. Son regard semble tout nous cacher, et l'on se rend vite compte que personne ne la connait vraiment. L'actrice est flamboyante et porte littéralement tout le film face à un Ben Affleck qui se contente du minimum. En quelques phrases le ton est donné ; esthétique froide et millimétrée, effusion de violence soudaine et mystère transcendant.

La musique apporte beaucoup au film ; Trent Reznor et Atticus Ross se sont dépassés et nous livre l'une des plus belles bande originale des années 2010. Avec leur patte électronisée, métallique et mécanique ils imprègnent le film dans une fausse simplicité qui cache des apparences bien plus sombres qu'au premier regard.
Car en effet le scénario est vraiment tout sauf intriguant. On va plus voir le film car le nom de David Fincher est écrit sur l'affiche que pour son scénar'.
Il serait idiot de dévoiler des éléments de l'intrigue... mais on peut d'ores et déjà dire que le simple thriller un peu ennuyeux se transforme vite en jeu de manipulation, de violence psychologique, et en une satire virulente des médias américains. En effet Fincher critique cette société de l'implication massive et du soutien obsédant qui, même s'il provient d'une bonne intention, étouffe littéralement les personnages qui se doivent d'évoluer dans des univers claustrophobiques et angoissants.
Très peu de lieux, très peu de personnages (Carrie Coon en soeur du héros est une véritable révélation !) et tout évolue dans ce monde définitivement resserré et petit, ou tout n'est qu'apparences.
Même si le film peine à innover est à mon goût un peu trop long pour son propos (quelques scènes auraient pu être évitées comme la parenthèse bucolique du personnage d'Amy...) il permet à Fincher une nouvelle critique sociétale et donne à son film de nombreux tons ; jusqu'à parfois quitter totalement le thriller (dont il déjoue à merveille les clichés) pour s'explorer à un drame psychologique voir à une satire qui frise le comique (!!).

Un Fincher mineur. Mais même mineur, Fincher réalise des très bons films.

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le 8 nov. 2014

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Charles Dubois

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