C'est manifeste dès les premières minutes : Robert Altman se fiche pas mal de l'intrigue policière pour se focaliser sur l'étude de caractères et la société anglaise au début des années 30, ce qui a ses bons et ses mauvais côtés. D'une part, le film est très élégant, « luxueux », le réalisateur n'ayant pas lésiné sur les magnifiques intérieurs et des costumes du même acabit, tandis qu'un vrai travail sur l'écriture (Julian Fellowes, créateur de « Downton Abbey », oblige) se fait ressentir de bout en bout. Et je ne parle même pas de l'interprétation, l'auteur de « M.A.S.H. » ayant pratiquement convoqué toute la fine fleur du cinéma anglais (Maggie Smith, Kristin Scott Thomas, Alan Bates, Derek Jacobi, Helen Mirren, pour ne citer qu'eux), tous impeccables sans être forcément exceptionnels.
De l'autre, si chaque personnage est étudié minutieusement, que certaines scènes sont troublantes et que l'évolution de l'enquête est légèrement inattendue, on aurait aimé qu'Altman se préoccupe nettement plus du crime en lui-même (celui-ci n'intervenant d'ailleurs qu'à la moitié de l'histoire, ce qui est trop long) qu'à tout ce qui tourne autour ou encore à des sous-intrigues d'un intérêt parfois mineur, si bien que nous sommes pris d'un léger ennui à plusieurs reprises. Du cinéma de qualité donc, subtil, intelligent, mais loin d'être aussi captivant que l'on aurait souhaité.