De nos jours, la science fiction n'est que trop dictée par les méchants aliens et les robots destructeurs. C'est marrant 5 min, ou plus quand c'est bien fait, mais ça a du mal à aller plus loin. C'est pour ça que j'ai toujours préféré l'anticipation, sa dimension réaliste propice à un récit puissant et fort de sens. Parce que les effets spéciaux, ça sert pas qu'à faire des petits hommes verts, et c'est assez rare pour le noter, mais Alphonso Cuaron est un des rares réalisateurs à avoir compris comment utiliser les fonds verts à bonne escient, sans surexploiter la chose pour faire des images tout juste jolies.

Ici, juste l'espace, 2 acteurs et une caméra. C'est tout ce qu'il faut pour faire un excellent film. En plus, on sent que le metteur en scène s'est régalé. Même si tout est filmé en plans séquences, et que la caméra pourrait elle même être un personnage physiquement présent avec eux, cela ne l'empêche pas du tout d'avoir une vraie mise en scène: On passe très fluidement de plans très larges aux plans subjectifs, en passant par des travellings d'accompagnement. Les longs plans séquences ne sont pas du tout un prétexte à l'absence de mise en scène. De toute façon, depuis Children of men, Cuaron te fait ça easy. D'ailleurs, il s'est aussi gavé sur le son, passant du silence du vide intersidérale à des musiques/bruits assourdissants. Le premier est assez violent mais a le mérite d'annoncer directement la couleur.

Résultat : Un film d'une rare intensité, qui vous saisit du début à la fin, en passant par la scène mystère du film (celles que ceux qui ont vu le film comprendront mais que je me garde de ne pas spoiler). J'y ai cru de A à Z, malgré les passages jugés "too much" par mes potes. La prestation et le personnage de Sandra Bullock m'ont aussi enchantés, moi qui à l'habitude d'afficher une certaine misogynie à l'égard des personnages féminins tant on a tendance à abuser sur leurs capacités physiques (suckerpunchlol). Cela dit, j'ai pas vraiment été touché par la metaphore de la renaissance, même si comme je l'ai dit, les 2 personnages ont tellement été bien posés (dans un minimum de temps en plus) que je les ai trouvés criant de vérité. Et à l'inverse, j'ai été choqué par les passages jouant plus sur la solitude, l'isolement. En bien, évidemment. Frisson de partout, totalement bouche-bée. Bref, la classe.

Un film vraiment intense et mélancolique à la fois. Une baffe technique, sans se moquer de son public et du cinéma. Une expérience intéressante. Du coup, un succès prédestiné compréhensible : Un vrai bon film, avec du sens, tout en restant totalement accessible à tous.
Ghettoyaco
9
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Créée

le 22 oct. 2013

Modifiée

le 23 oct. 2013

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Ghettoyaco

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