Fabricant de blockbusters, comme Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, pour les majors, Alfonso Cuaron avait surpris tout son monde avec le thriller d'anticipation Les Fils de l'Homme, échec commercial mais devenu culte aujourd'hui. Attendu au tournant, le mexicain revient sept ans plus tard avec un film hors norme. Intense, sidéral, beau, les adjectifs ne manquent pas pour qualifier Gravity, huis-clos spatial qui révolutionne le cinéma.

La novice Ryan Stone (Sandra Bullock), spécialiste en ingénierie spatiale, accompagne pour une mission de routine le chevronné Matt Kowalski (Georges Clooney). Mais cette banale ballade dans l'espace vire au cauchemar lorsque une catastrophe se produit.

Allô Houston, on a un chef d'oeuvre ! Une éternité que le spectateur n'était pas sorti de la salle sans affirmer avec conviction : " Il faut absolument que j'y retourne ". Car Gravity ne parvient pas qu'à renouveler ce genre, sublimé entre autre par Stanley Kubrick et son 2001, l'Odyssée de l'Espace, il ravive également ce vieil outil qu'est le cinématographe. A l'heure du téléchargement et du cinéma chez soi, Gravity prend sa pleine mesure sur écran géant avec 3D indispensable.

Pour une fois, un cinéaste parvient à utiliser ce gadget à tiroir caisse comme pur effet de style. Complètement immersif, la 3D plonge le spectateur dans le vide interstellaire, lui donnant l'impression de tenter de survivre aux côtés des protagonistes. On se surprend à fermer les yeux lorsque poignent les débris à toute allure ou à se sentir étouffer lors des vues subjectives, a l'intérieur de la combinaison de Ryan Stone.

Dans l'espace, personne ne vous entendra crier

Doté de nouvelles technologies, Alfonso Cuaron offre une réalisation implacable, stupéfiante. Dès les premières images, la caméra se ballade dans l'espace et semble souffrir, elle aussi, de l'apesanteur. donnant à voir des plans fabuleux de la planète terre et de l'univers. Bien que la narration se déroule dans l'infini et au-delà, le réalisateur reste, le plus souvent, au plus près de ses acteurs, transformant l'espace en un cercueil étoilé. Grâce à ce procédé, Cuaron amène le spectateur jusqu'à l'asphyxie, lui donnant des suées froides encore plus intense que Buried.

Mais cette sensation de confinement provient aussi du son, admirablement travaillé. A la dérive et sans contact radio, les astronautes n'ont plus que le silence mortifère de la galaxie comme compagnon de voyage. Le silence est d'or, dans Gravity plus que jamais. Pesante, angoissante, elle n'annonce aucun danger, ce qui subjugue et fait craindre le pire au spectateur. Dommage que dans les derniers instants, une musique peu inspirée casse, un peu, le climax mis en place.

En plus de ces prouesses techniques, Gravity dispose d'un scénario aux petits oignons, bourré de rebondissements et de questionnement sur la façon d'appréhender la mort quand elle nous encercle, et emmené par une Sandra Bullock impériale en femme brisée qui va se battre pour renaître. Avec Gravity, Alfonso Cuaron entre dans les cercle fermé des grands auteurs qui combine à merveille réflexion et grand spectacle. Alors, prêt à dériver ?
claudie_faucand
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le 25 oct. 2013

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