(Insérer référence à 2001)
Voilà un film que je voulais aimer. Alfonso Cuaron, des plans séquences, et j'y vais les yeux fermés. Enfin pas vraiment fermés, ce serait dommage et un peu con. J'ai lu les critiques qui parlaient d'une forme virtuose pour un fond décevant. Je m'en fous et j'y vais. Et les critiques avaient raison. Mais ça ne m'a pas empêché de m'accrocher à mon fauteuil à chaque fois que Sandra Bullock tente de s'agripper pour ne pas dériver dans l'obscurité infinie.
Je ne vais pas revenir sur les qualités esthétiques et techniques du film, qui ont été vantées par tous les spectateurs depuis les premières projections.
Je ne vais pas revenir non plus sur les défauts scénaristiques, comme les erreurs scientifiques ou la lourdeur du symbolisme, car d'autres l'ont fait et le feront mieux que moi.
Pourquoi j'ai tant aimé ce film malgré ses défauts évidents ? Parce que j'ai eu l'impression d’être un spectateur de 1902 découvrant le Voyage dans la lune. Aujourd'hui, tout le monde considère le film de Georges Méliès comme un chef-d'oeuvre, fondateur de tout un genre cinématographique, dont les prouesses techniques éclipsent largement un scénario assez idiot et des acteurs qui gesticulent plus qu'ils ne jouent.
Gravity nous rappelle que le cinéma, c'est autre chose qu'un récit. Le scénario ne pèse pas bien lourd dans l'histoire du septième art : 2001, Titanic, Matrix et Avatar n'ont fait date que grâce à leurs prouesses visuelles. Voilà un film conçu pour un écran large et une technologie 3D, une sorte de démo technique d'une heure et demie. Un film qui ne vit que pour et par ses effets spéciaux, justifiés par une histoire très basique et pourvue de clichés.
Tout comme Méliès, Cuaron mise sur son talent de magicien et réussit son pari : faire vivre une expérience nouvelle aux spectateurs, et marquer à jamais l'histoire des effets spéciaux, de la science-fiction et du cinéma.
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