Un film catastrophe sensiblement moins con que la moyenne
Gravity vient donc s'ajouter à la longue liste des films catastrophes, et plus particulièrement au sous-genre (lui beaucoup plus restreint) des films catastrophes usant de l'espace et de ses dangers comme principal ressort.
De mémoire, le dernier en date dans cette catégorie était Sunshine - qui à mes yeux, demeure malgré tout supérieur au film de Cuaron, grâce à son côté pesant et envouté (= des scientifiques se comportant vraiment en scientifiques - hein Stone http://bit.ly/1aCfD5N - s'efforcent de réagir avec la logique la plus froide à des situations de mort inéluctable, malgré l'attraction croissante que le Soleil - source de toute vie - exerce sur eux).
Bref, pas tant de choses que ça en commun avec un 2001 par exemple (malgré ce que voudrait nous faire croire la comm' autour du film), lequel allait quand même chercher un peu au delà.
Ces précautions d'usage étant prises, force est de reconnaître que Gravity se situe clairement dans le haut du panier des films catastrophes. Avec à la clef des astuces de mise en scène qui tirent fichtrement bien parti d'un espace en 3 dimensions totalement ouvert (le plan séquence ne s'est jamais autant épanoui et justifié que dans le vide intersidéral), puis ensuite, au contraire, d'espaces clos dont le potentiel claustrophobe se trouve magnifié (avec le passage en caméra subjective dans la station chinoise, par exemple).
Cette réalisation de haute volée donne clairement une fluidité / qualité très immersive au film ; et malgré ses nombreux défauts, on se laisse agréablement porter pendant 90min.
On n'échappe malgré tout pas aux lots de clichés, personnages un peu simplistes, scènes attendues et autres coïncidences (mal)heureuses - cf. cette illustration de Boulet http://bit.ly/IdkOie.
Mais ce qui s'avère franchement bien plus gênant encore, c'est la tendance du film à abandonner un peu grossièrement puis ensuite à réinsérer quelques principes physiques de base, selon ses besoins de mise en scène / rebondissements (un exemple illustré ici http://bit.ly/17GQTuU ; mais il y en a plein d'autres : lorsque Soyouz part en vrille avec Stone à l'intérieur, suite à la pluie de débris sur l'ISS, celle-ci n'est pas secouée dans tous les sens comme dans un tambour de machine à laver, alors qu'elle l'est avec le module chinois juste avant de rentrer dans l'atmosphère etc.).
Bref, c'est exactement ce qu'un blockbuster qui s'assume avant tout comme un divertissement / une expérience devrait être. Ça ne va pas forcément bien loin, mais on n'y prend pas non plus trop le spectateur pour un con (du moins si on considère la norme actuelle du genre : au secours Prometheus, Pacific Rim etc.). On en prend plein la gueule, mais c'est autant grâce à la réalisation elle-même et ses trouvailles (composition, photographie, montage) que du fait du pognon claqué dans des effets spéciaux tape-à-l'oeil. Et histoire d'ouvrir un peu la portée de l'oeuvre, on en profite pour glisser quelques plans avec un brin de symbolisme, plus ou moins heureux (plutôt moins pour la position fœtale en zéro G ; plutôt plus pour la fin où Stone émerge d'une plage limoneuse et finit par se lever, en parallèle à l'évolution des espèces).
Sans oublier un potentiel twist de fin (de rigueur pour un blockbuster) sur la mort / renaissance littérale, et non juste métaphorique, de l'héroïne : http://www.thewrap.com/gravity-ending-seems-alternate-theory-spoilers/
PS : pour toutes celles et ceux qui aiment s'attarder sur les erreurs scientifiques, plus ou moins évidentes http://www.slate.com/blogs/bad_astronomy/2013/10/04/ba_movie_review_gravity.html
Et pour les autres qui veulent creuser l'embryon de métaphore sur la renaissance (avant tout métaphorique, pour le coup) de Stone qui parcoure le film, une chouette critique : http://www.senscritique.com/film/Gravity/critique/26600789
Ça ouvre moins de portes que 2001, mais c'est déjà ça.