Sans que personne ne l'ai franchement vu venir - et encore moins nous -, Jeremy Saulnier est venu tabasser dans les roubignoles en 2013, un Festival de Cannes décidément toujours aussi inspiré dans sa sélection.


Avec Blue Ruin, polar au milieu des rednecks férocement indépendant empruntant autant au thriller anxiogène qu'au cinéma horrifique - le tout en étant aussi tendu que la ficelle d'un string en plein été -; le bonhomme mettait non seulement un coup d'éclairage certain su sa caméra racée et référencée, mais il s'inscrivait également comme l'un des héritiers évident du précieux cinéma des frangins Coen.


Toujours aussi remonté, il revenait deux ans plus tard, encore sur la Croisette, avec le coloré Green Room, survival gore et punk façon mélange des genres foutraque - comme Blue Ruin -, qui n'eut pas réellement de peine pour faire le buzz durant la quinzaine cannoise.
Reste qu'il lui aura fallu près d'une pige (quasiment jour pour jour) pour trouver son chemin dans les salles obscures hexagonales, à quelques du jours du Festival de Cannes cuvée 2016.


Porté par un trio de tête au talent plus que certain (l'immense Patrick Stewart et les mésestimés Anton Yelchin et Imogen Poots), la péloche suit l'histoire semé d'embuches d'un groupe de punk-rock, qui donne le dernier concert de leur tournée dans un pub miteux du fin fond de l'Oregon.
Là-bas, ils vont tomber sur une bande de skinheads plutôt mauvais public et, témoins involontaires d'un meurtre; ils vont très vite être la cible de cette bande de nazis qui détiennent le rade...


Véritable mélange des genres fou furieux façon série B totalement décomplexée, Green Room - ou plutôt Red Room tant le film est tâché par le sang - est un pur moment de cinéma jouissif et dérangeant dans sa manière de rendre divertissant une véritable descente aux enfers vécue par des antihéros devant apprendre sur le tas, comment survivre et zigouiller son prochain... nazis !


Bousculant avec malice son spectateur par le gout certain de Saulnier pour la dissonance et une intrigue ficelée d'une main de maitre (passant du huis-clos étouffant au thriller gore et à la comédie sarcastique, avec une fluidité déconcertante), le film redistribue les codes du survival pour mieux les balancer à la face d'un spectateur totalement happé par ce sommet d'ultra-violence presque régressif.


Gros plaisir coupable en puissance, imprévisible, volontairement absurde, empathique (la jolie caractérisation des personnages va de pair avec la partition impliquée du casting vedette) et méchamment brutal; Green Room est une formidable récréation sur pellicule, référencée, violente et addictive, ou l'humour et l'horreur ne son jamais très loin.


Une belle surprise sous forme de confirmation implacable, Jeremy Saulnier ne frappe plus à la porte des plus grands, il l'a démonte au burin.
Bref, comme à l'époque de Blue Ruin, on va attendre avec impatience non-feinte, son prochain passage dans nos salles obscures.


Jonathan Chevrier


http://fuckingcinephiles.blogspot.fr/2016/04/critique-green-room.html

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le 25 avr. 2016

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