Trois questions me viennent à l’esprit, là, tout de suite :
- Pourquoi Pierre Bezukhov est-il plus beau que Fedya Dolokhov ET Anatole Kuragin combinés ?
- Pourquoi est-ce que la VF était incapable de s’en sortir avec les titres de noblesse ? Je sais qu’on a quelques mésententes avec l’aristocratie depuis une certaine 1789 mais il n’est pas compliqué de comprendre que Pierre (et Kyril Bezhoukoc, pour ce que ça vaut) sont COMTES et pas Princes, et que si Nicolas Bolkonski et Maria Bonlkonskaïa (et par Bolkonska ???? Mais ils sortent ça d’où, sérieux) sont Prince et Princesse, André ne va pas être... Comte ? Ça tombe sous le sens ?
- À quoi ça sert de faire 3h10 sur le début du roman dont 1h entière sur les élucubrations philosophiques de Pierre (d’ailleurs, tenter de retranscrire les questionnements de Tolstoï de façon à ce qu’ils soient compris et appréciés d’un public qui ne s’intéresse pas à la philosophie, c’est MAUVAIS, j’ai pas payé pour entendre Pierre dire "ohlalal je voudrais savoir ce qu’est le bonheur hhhhh — d’accord mais encore ? — ça me saoule je me pose bcp de questions snif prcq je suis philosophe pq les hommes font la guerre pq l’amour pq la vie aaaa je voudrais tout savoir — et qu’as-tu appris entre temps ? — mdrrrrr allez c tipar mes copains jvais me taper ma cousine") ? Donc, à quoi servent ces 3h10 si c’est pour ne passer que 20 minutes sur le dénouement, l’acme, presque l’apothéose du roman ?
Vidor a outrageusement simplifié les ambitions métaphysiques de Pierre en "Qu’est-ce que le bonheur et qu’est-ce que le vrai malheur", mais il ne montre pas que Pierre trouve la réponse à sa question au côté de Platon, dans les camps de prisonniers ? Est-ce qu’on comprend pourquoi Sonya dit à Nicolas qu’il peut épouser Marie alors qu’on a jamais vu la moindre interaction entre la Princesse et Rostov ? Qu’en est-il du deuil de Natasha face à la mort d’André, du malheur qui s’abat sur sa famille à la mort de Petya (une des plus tristes du roman) et de la renaissance partielle qu’elle en tire ? Pourquoi (and I cannot stress this enough) est-ce qu’elle va fourrer sa langue dans la bouche de Pierre dès qu’elle le voit alors qu’elle vient de perdre son frère et son f i a n c é ?
Mais enfin. À part ça, le film est bien, j’lui enlèverai pas sa photographie spectaculaire et la façon dont King Vidor a malgré tout adapté une épopée philosophico-romantico-historique de 1300 pages, ainsi que les performances réussies de tous les acteurs.