Il y a quelque chose de spécial dans Guerre et Paix de King Vidor. Le film dure 3h40 mais ne fait pas ressentir sa longueur, les acteurs surjouent comme dans une comédie de boulevard mais l'oeil du spectateur reste attendri, les effets sont ridicules mais provoquent de la sympathie. C'est peu-être Henry Fonda, parfait, Audrey Hepburn, envoûtante, la musique de Nino Rota, légère. Mais, vers la fin du film, c'est surtout la guerre, celle de la Campagne de Russie dirigé par Napoléon, à la fois succès et désolation, les colonnes de soldats perdus dans le froid invisible de l'hiver, la retraite triste de l'empereur Corse, montré comme les peintures de Raffet, de Gérard, de Gros, de Charlet ou de Meissonier. Ça doit être ça donc : Vidor ne filme pas, il peint l'histoire racontée par Tolstoï.