Hair High est un film que j’ai abordé avec beaucoup d’appréhension, n’aimant pas les films de dessin à la plume caricaturale, j’y suis allé un peu à reculons. Et pourtant …


C’était mon premier film de Bill Plympton et quel film !! Celui-ci nous livre ici ce que j’aime le plus dans les films : une critique mordante de la société. Il se penche ici sur le microcosme universitaire à travers le personnage de Spud, le nouveau qui va se faire basher dès son arrivée. Spud, au-dessus de la moyenne va se retrouver dans un premier temps cantonné à un rôle de larbin de Cherri la petite amie de Rod, quaterback star et personnage hyper populaire du lycée avant de renverser la vapeur et de conquérir le cœur de Cherri. Mais le film ne se résume pas qu’à cela…
Bill Plympton fait voler en éclats les fins "bateaux" où le quaterback du lycée s’envole au bras de la chef des pom pom girls pour convoler en juste noces. Ici seul l’amour triomphe au nez et à la barbe de la mort laissant Spud et Cherri danser une valse endiablée sous l’égide de la mort. L’amour est le fil directeur du film et un des thèmes centraux matérialisé par le triangle amoureux Rod-Cherri-Spud. Les deux premiers n’entretenant cet amour que par la popularité et une certaine autorité, influence qu’ils en tiraient. Un amour au final désenchanté et sans saveur. De l’autre Cherri-Spud, trouvant un véritable amour sans faux-semblant allant jusqu’à braver la mort.


L’aspect cartoon-caricatural participe à ridiculiser une certaine représentation de l’Amérique des années 50-60. On le voit assez bien avec une certaine démesure des personnages allant de la musculature surdéveloppée pour Rod tout autant que sa banane à la Elvis Presley à la coiffure impeccable de Cherri.
Le côté trash est très présent dans ce cartoon-dessin animé qui est plus destiné à un public adulte averti. En effet, les références phalliques (la mascotte de poulet en rut sautant sur tout ce qui bouge, la coiffure de Spud) côtoyant le morbide (les crânes du futur ex-couple star du bal de promo servant d’habitat aux poissons de la baie) et le gore (lobotomisation d’une femme par des vers et réingurgitation des tripes du professeur par la bouche).


Ce film s’attaque à la superficialité de notre société et s’adonne à la critique de l’apparence, qu’elle soit dans les archétypes sociaux (quaterback bodybuildé mais au charisme d’un bigorneau) ou dans les conventions inhérentes à ce milieu (bal de fin d’année) récompensant invariablement les canons de la beauté, stigmate d’une société où l’apparence reste un critère prédominant pour la réussite sociale et professionnelle.

Jokalex
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le 24 mai 2015

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