Hannah et ses sœurs par Francis Janvier
S'il est totalement dans la veine d'Annie Hall, je trouve quand même Hannah et ses sœurs meilleur. Peut-être en partie parce qu'il est plus classique (sans l'être réellement), moins expérimental. Le scénario est ainsi plus découpé (début-milieu-fin), il y a plus de personnages (ce qui crée davantage d'intrigues), on ne sort pas de la diégèse du film à tout bout de champ et le personnage de Woody Allen prend moins de place et ses monologues nerveux ont au moins un sens (alors que dans Annie Hall, c'est systématiquement de la digression sur tout et n'importe quoi). Ainsi, le film raconte une vraie histoire, il n'est pas seulement un commentaire sur l'amour et les relations sociales, même si cet aspect n'est pas négligé non plus. Mais outre la dimension "construction du récit", Hannah et ses sœurs c'est très très drôle, d'une façon exquise, fine, tout en subtilité, en complicité avec le spectateur ; ça fait mouche à chaque fois. Je trouve aussi tout à fait admirable la façon dont Woody Allen traite de sujets aussi humains et universels avec autant de charme et de légèreté, notamment la réflexion existentialiste qui n'est pas abordée avec lourdeur, mais de façon fort rigolote, presque naïve. La relation entre les trois sœurs, mais aussi entre celles-ci et leurs époux/amants/rancarts respectifs, est touchante par son réalisme, sa banalité, son mélodrame du quotidien, en particulier cette superbe scène au restaurant, qui par ailleurs est un véritable bijou de mise en scène avec ce plan séquence de dingue qui fait transporter la caméra d'un personnage à l'autre.