Cette scène. Oui, celle-ci. Il n'y a qu'une seule scène dans ce film cauchemardesque. La scène qui vous réveille mais qui en même temps vous fait cauchemarder, c'est le moment où le père retrouve sa fille et le proxénète, le proxénète et sa fille. Cette prise de caméra furtive, c'est frontal, on affronte le combat et la vérité, la vérité et le combat. On sort le kunai à la manière d'un renégat, il faut rentrer dans la merde, il faut s'abaisser, il faut aller la chercher, cette sale pute gratuite. La garce se tient debout dans la nuit (c'est pas la première fois que j'en vois). La rapidité de la scène, son air de déjà vu, la bande de putains autour: c'est l'une des scènes les plus intenses que j'ai jamais vu. Ce film est un tourment visuel et sonore, avec cette bande sonore qui vous enfonce dans une tension d'esprit, le cauchemar commence dès la 15ème minute (on veut laisser le temps au spectateur d'entrer dans son sommeil) pour arriver à l'état de grâce par la scène prémonitoire. Quand vous voyez un coup de feu arrivé de loin dans votre direction et que, pendant quelques secondes, vous avez l'impression qu'il se dirige exactement vers votre tête: vous voulez vous déplacer mais vous ne bougez plus, vous êtes tendu, la crispation vous accable, des racines vous suspendent jusqu'au cou, figé, marmorisé et puis vous vous rendez compte que la balle est passée juste à côté et à ce moment précis, vous vous dîtes: "Putain, si j'avais bougé, ..." Voilà l'éveil cauchemardesque. Hallucinant!
Seulement... l'amour-propre... de merde.