Tu vas crever, oui ou merde ?

Bon oui tout le monde l'a compris, c'est un film FPS.

Alors à quoi peut-on s'attendre dans ce genre de film ? Que ça bastonne, que ça saigne, que ça explose, que ça aille vite, très vite. Oui effectivement, les scènes de shoot sont bien présentes et ça pète de partout. De ce point de vue là Hardcore Henry fait son job, ça y'a pas à dire. Mais ça, on s'en doute un peu rien qu'en voyant la bande annonce, et c'est même le moins qu'on puisse attendre de la chose.

Donc à part ça, quelle réelle surprise nous réserve-t-il ? Ben au final pas grand chose.

L'action est présente, très présente, presque trop présente parfois. C'est tellement précipité par moment qu'on finit par ne plus comprendre ce qu'il se passe à l'écran. Certes, il faut reconnaitre que dans les jeux vidéos, ça se passe parfois comme ça. Mais là ça finit par lasser, ou par donner la nausée, c'est selon. Notamment cette scène de fin, quasi illisible. On attend simplement que ça se termine. Trop d'action tue l'action, comme dirait Martine. D'autant plus que celle-ci laisse peu de place à d'autres aspects qu'on aurait aimé voir plus développés.

L'intrigue est pour commencer assez plate. Pourquoi Henry a-t-il été choisit comme modèle de cyborg ? Pourquoi Akan (le méchant) a-t-il des facultés télékinétiques ? Questions qui resteront sans réponse.

L'humour lui aussi, est plutôt faible à mon goût même s'il n'est pas totalement absent. Il y a bien cette scène du colonel anglais qui m'a plu, énonçant la marche à suivre avec son accent : "Ecoute bien soldat, nous devons nous assu'er que not'e handicapé su'vive, comp'is ?". L'action qui suit a ce côté absurde typique des FPS lorsqu'un PNG vous récite bêtement son discours pour que vous suiviez le bon chemin. S'il n'y a qu'une scène à garder du tout, je choisirais celle-là. Pour le reste, ça ne vole pas très haut.

Encore une chose : je trouve que le côté invulnérable du joueur n'est pas traité correctement. On a bien des moments où on se dit "merde il va crever notre perso, parce qu'il doit sévèrement douiller là, non ?" genre quand il tombe de l'hélico ou quand il prend un obus de char en pleine poire. Mais justement non, Henry passe les épreuves plutôt facilement, il les survole même, au propre comme au figuré. Du coup, on ne s'approprie pas le personnage, on ne le ressent pas dans notre chair. Dans un FPS, on a un peu l'impression de mourir, ne serait-ce que par ce petit stress qu'on ressent quand on arrive dans une zone qu'on sait dangereuse et que tout est calme : on sait qu'on va en chier. Mais avec Henry, rien. Pas d'émotion, pas de sensation "incarnée", et c'est le principal défaut de l'oeuvre. Edge of tomorrow avait réussi à faire bien mieux sur le terrain des jeux vidéo en jouant sur l'aspect "Die and retry".

Deux grosses incohérences que je relève, ou alors j'ai raté quelque chose :
- Pourquoi Akan se fait-il passer pour le méchant, en utilisant sa propre femme pour "façonner" les émotions de Henry (la première scène), alors que celui-ci est son cyborg, son "joujou" ? Avouez que c'est quand même vachement con comme idée car très risquée : des comédiens auraient fait l'affaire, ils auraient servi de couverture.
- Pourquoi Akan ne réduit-il pas Henry en bouillie grâce à son pouvoir télékinétique lorsque celui-ce se rebelle ? Là il ne fait que le repousser, genre cri de déferlement de Skyrim. On a vu mieux comme boss de fin.

Malgré ces trous dans la raquette et le manque de profondeur global du récit, on appréciera les clins d'oeil aux FPS comme l'augmentation du nombre d'adversaires au fil du temps, l'arsenal utilisé qui lui aussi va grandissant, les tableaux/décors qui évoluent comme autant de niveau dans un jeu, la sensation de perte de contrôle chez le héros et cette fameuse scène du colonel anglais.

En conclusion, c'est un gros film d'action ultra bourrin qui malheureusement n'a pas grand chose d'autre à montrer que de l'action pure. J'aurais aimé que le réalisateur s'arrache un peu plus les cheveux pour nous pondre des idées plus abouties et mieux nous surprendre.