Ça a le cachet d'un film d'action ultra-boursouflé de thunes, normal la Russie a mis son nez là-dedans. Par ailleurs, le casting est ventru de slaves, la totalité de l'intrigue se déroule dans un pays de l'Est, à entendre les joyeux jurons de la langue de Tolstoï que les figurants se balancent... ouais, ça avait de quoi jeter comme concept.


Hardcore Henry raconte l'histoire de Henry, un mec dont on a recollé les morceaux avec une technologie pétée - n'est pas sans rappeler un certain Denton qui a subi un traitement similaire - qui se retrouve dans un imbroglio totalement cassé, où il doit secourir madame au péril de sa vie, et au moyen de ses capacités surhumaines, augmentées par la machine.


Voilà, voilà. Inutile de tergiverser plus longtemps sur le scénar, on se base très fortement sur la narration d'un FPS bas du front. Et le film s'en fout, car il pousse le vice tellement loin au point de faire deux choses :



  • tout le film est tourné dans ladite vision - À LA PREMIÈRE PERSONNE s'entend

  • on ne voit jamais


    enfin c'est pas vrai, on le voit à la fin mais c'est assez bref et très élégant comme plan


    le visage de Henry



Et c'est un beau tour de force, je ne peux que le reconnaître. À constater les images de tournage, les singeries à dos de char et tracté par un hélicoptère que le cascadeur a dû réaliser, affublé d'une sorte de masque-caméra créé spécialement pour le film... la curiosité était là.


Néanmoins, ce concept, ce choix dans la façon de raconter cette histoire-monorail se solde par des problèmes que les devs rencontrent dans la création de jeux de tir à la première personne. Il faut le temps de s'adapter à ce format très particulier, la caméra bouge énormément, les premières minutes du film - très intenses - se font avec une petite gêne, le temps de s'y accoutumer. Je recommande aux personnes curieuses de revoir la séquence d'introduction à plusieurs reprises pour bien profiter de l'expérience.


On pourrait être vraiment tentés de tirer à feu nourri sur le camion de glaces et dire du caca, comme quoi le film ne raconte pas grand chose, les personnages sont plats, c'est bourrin, et bim et boum blablabla... mais allez-y, constatez-vous même. Des petites trouvailles sont disséminées ici et là pour répondre aux problèmes qu'un tel format pouvait engendrer.


Par exemple : comment faire pour développer plusieurs personnages différents, au moyen d'un seul vecteur de perception, qui plus est, non-omniscient ?
Ou bien : comment faire respirer un scénar qui se base sur damoiselle en détresse -> gros méchant -> casser la gueule au méchant ?


Croyez-le ou non, Hardcore Henry y répond. Plutôt bien, de plus.


Il faut reconnaître que la résilience d'un tel parti-pris paraît compromise. Je cherche mais je vois difficilement comment une vue à la première personne peut persister dans le cinéma, autrement que dans ce prisme de l'action, de la sensation...


La séquence d'introduction de Halloween se plongerait dans l'ennui si elle se prolongeait, au-delà de quelques minutes. Les rares moments de FPS sont réservés à des astuces, des petites excentricités dans les autres films - comme pendant la descente des tonneaux de la Désolation de Smaug, ou bien la scène du rêve de Ranu dans la Personne aux deux Personnes de Nicolas et Bruno ! Donc, je ne pense pas que nous reverrons un film entier consacré à pareille vue.


Enfin, pourquoi pas malgré tout ? Après qu'on ait eu droit à un caillou sans âme pour Doom mais sauvé du naufrage par the Rock... après les imbécillités d'Uwe Boll... il y a eu un miracle, pas un grand film, mais une petite chose sympathique à regarder entre potes, qui veulent retrouver la fine fleur de l'esprit nanar dans un bouillie d'action qui se prend ultra au sérieux !


Une mention très flatteuse au générique d'intro, parfaitement dans la teinte du film, et avec une belle musique des Stranglers. Et au très-très-très bref passage de Tim Roth dans ce PAN, qui nous gratifie d'une interprétation très satisfaisante de son archétype.


Après faut pas déconner, la fin était hyper cool, s'ils font une suite après ce truc ça ressemblera plus à grand chose !



DIGRESSION DISGRACIEUSE #13


NictimystesInfrafren
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le 27 juil. 2018

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Gros Guerrier

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