Dobby ne voulait pas tuer, Dobby voulait juste mutiler ou blesser très gravement

« Harry Potter et les reliques de la mort, première partie » est un film excellent qui convainc sur le fond et la forme. Le fait que, pour la première fois, l’histoire se permet de ralentir, car elle n’est plus contrainte par un format trop exigu, est une véritable bénédiction. Les personnages et les événements acquièrent une profondeur jamais égalée dans la saga, et l’émotion s’installe avec une aisance bienvenue. On en viendrait presque à se demander s’il n’aurait pas mieux valu scinder en deux parties tous les films de la saga (même si le risque de cette entreprise aurait été d’avoir des acteurs principaux finissants la saga a 35 ans, ce qui aurait été tout à fait grotesque pour des élèves). En tout cas, je suis convaincu que les trois films précédents auraient mérité la même forme (c’est-à-dire les films issus des bouquins les plus épais).

David Yates atteint l’excellence ici, et pour le plus grand bonheur des fans, il respecte l’œuvre initiale sans toutefois nous épargner quelques différences avec le livre.

En effet, cette première partie semblait le terreau idéal pour mettre en place l’histoire passée entre Dumbledore et Grindelwald, qui sont bien plus que des meilleurs amis dans le livre, mais dans le film, leur relation est anecdotique, voire carrément oublié. Grindelwald est seulement présent dans de minuscules saynètes durant lesquelles Voldemort est à la recherche de la baguette de sureau. Très peu d’éléments en fin de compte pour contenter les lecteurs et fans du livre. Il s’agit ici donc du plus gros inconvénient que j’ai repéré là.

Queudvert n’est pas simplement maitrisé par Dobby, dans le roman il tente d’arrêter Harry Potter, mais sa main en argent se retourne contre lui et l’étrangle. La scène ne se déroule pas ainsi dans le film, et c’est regrettable.

On relèvera également quelques différences, notamment à propos des raffleurs, mais ils sont dérisoires en comparaison des changements des films passés, car dans l’ensemble le récit originel est clairement respecté.

J’aimerais mettre en avant le travail d’Alexandre Desplat, qui nous offre une bande originale excellente. Avec le film précédent, elle est sans doute l’une des meilleurs. Comme David Yates l’avait déjà fait avec « Le Prince de Sang mêlé » le rythme accorde une place importante à la musique, et par conséquent à l’émotion, c’est une très bonne chose, surtout lorsque cela permet de mettre en lumière le talent d’un Desplat.

Alors que Daniel Radcliffe (Harry Potter) semblait sur la bonne voie, dans l’amélioration de son jeu d’acteur, sa performance dans ce septième film est en dent de scie, parfois très convaincante, parfois lamentable. Je n’en ai jamais parlé dans mes critiques précédentes, et il serait injuste de ne pas faire preuve d’objectivité à cet égard, mais le doubleur français de Radcliffe porte lui aussi la responsabilité du sentiment de piètre performance que l’on ressent pour l’acteur. En effet, son doublage n’est pas des meilleurs et c’est aussi la combinaison de ces deux mauvaises performances qui nous donne ce rendu aussi décevant. Rupert Grint et Emma Watson (Ron et Hermione) ne se contentent plus d’être bons, mais deviennent carrément excellents. Les autres acteurs sont si nombreux et si talentueux qu’il serait difficile de les comparer.

De toute façon les vraies stars de ce film sont le trio de héros. Leur escapade est un vrai vent de fraicheur dans la saga. Il n’est plus question d’une enquête à Poudlard, mais on aborde le vif du sujet, la destruction de Voldemort, et pour cela les enfants doivent trouver et supprimer les orcruxes, qui sont autant de morceaux de l’âme de leur ennemie.

Le film est l’un des meilleurs de la saga. Je l’ai adoré.