Le Dernier des Mohicans m'avait horrifié par sa réalisation bancale et son montage abominable ( et une VF qui fait saigner des oreilles ). J'aborde donc Heat avec ce dernier en tête, en espérant ne pas être déçu cette fois.

Pas le moins du monde, au final.

Globalement, le film est porté par Pacino et De Niro, et laisse un peu de place à d'autres protagonistes pour s'exprimer et poser un beau tableau de personnages intéressants et joliment développés. Pas de psychologie de comptoir, c'est simple, c'est propre, ça ne fait pas de fioritures. On attend un film de poursuite, un film policier. On l'a, avec quelques choses en plus. Et ces quelques petites choses donnent une saveur toute particulière au film, comme un sauce sur un bon steak.

Les relations amoureuses sont casse-gueules mais crédibles, jamais trop présentes et jamais lourdingues, elles introduisent juste un élément autre du personnage que le " Je suis un gentil flic je veux arrêter le méchant " et le " Je suis un méchant je veux braquer des banques et m'en mettre plein les fouilles ".

De Niro joue comme il faut, certes, c'est loin d'être son meilleur rôle mais il arrive tout de même à donner une certaine profondeur et inspire un certain respect pour ce personnage à l'intelligence redoutable, efficace et pourtant si subtilement distillée à travers le film que l'on se fait avoir également.

Al Pacino en fait beaucoup, c'est vrai, mais c'est que le personnage est taillé pour lui. C'est l'acteur parfait pour ce rôle. Non, il ne gâche pas le film, il le rend bien plus vivant et ne tombe pas du tout dans la facilité du flic méchant qui en fait des tonnes. Là aussi, c'est très subtil.

J'ai noté des mouvements de caméra magnifiques, bien placés et jamais prétentieux. Encore une fois, la subtilité est de mise, on en met plein la vue, mais ça ne tombe pas dans le m'as-tu vu caractéristique de certains blockbusters. Ici, la tension est palpable, les scènes de fusillade sont finalement assez rares mais crédibles, remplies de suspense, puisque le film propose le point de vue des braqueurs et des flics.
Et la poursuite finale est somptueuse. On ressent vraiment ce que le personnage de De Niro appelle " Heat around the corner " dans plusieurs scènes du film.

Mais surtout, ce qui fait la force du film, c'est qu'il est plutôt long, ce qui permet un développement vraiment bien mené des personnages et pourtant je n'ai ressenti aucune longueur, tout s'enchaîne à un rythme convenable, très sobrement et jamais ennuyant. C'est ce genre de rythme qui montre la qualité de la réalisation.

Après, Pacino, on aime ou on aime pas.
JuYawn
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le 26 déc. 2010

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JuYawn

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