Famille, metal et motocross

Premier film de la réalisatrice Kat Candler, la quarantaine, Hellion sort de nulle part avec son synopsis épique, à la limite du magique, son affiche sympathique, superposition chromatique, et son beau petit casting. Aaron Paul, sa bonne bouille ronde et ses yeux bleus humides, ici agrémentée d’une petite barbe brune et d’une casquette délavée taciturne, accompagné de la charmante Juliette Lewis.

Jacob, 13 ans, fan de motocross et de metal, flotte dans son T-shirt Slayer et joue les gros dur avec sa bande d’amis, avec son crew. Il arpente les recoins paumés de sa petite ville natale, trônant fièrement sur le siège de sa motocross, fracasse des pare-brises, froisse la tôle de bagnoles à coup de batte de baseball et brûle des palettes qui illuminent la nuit noire de ce coin paumé des Etats-Unis. Laissé à lui-même par un père distant (Aaron Paul) il s’occupe de son petit frère et l’entraîne tout droit vers les chemins sinueux de la petite délinquance.

Père perdu

Hellion est un drame familial efficace, réaliste et authentique qui évite l’écueil de la fin bienveillante, avec arc en ciel et chute de marshmallow. Une plongée dans une sphère familiale qui se désagrège lentement au gré des actions de chacun de ses membres. Chaque personnage est pourtant motivé par des raisons louables. Le père aimant, dévasté par la mort de sa femme qui essai de reconstruire ce qu’il reste de sa famille, mais qui ne fait que subir les conséquences des actions de son entourage. De son fils aîné, de sa belle-sœur et de ses amis. La tante inquiète et impliquée, qui souhaite protéger le petit dernier et lui offrir un cadre de vie plus calme, plus sain, plus serein. Plus normale. Et enfin, Jacob, le grand-frère protecteur qui a muri trop vite mais qui reste un enfant entêté, veut juste vivre au côté de son petit frère. Une famille où tout le monde s’oppose pour le bien de la famille. Du déjà vu, mais du bien fait.

Hellion est un film indépendant à la réalisation sobre et maîtrisée, plongé dans l’ambiance unique d’un de ses coins perdu des Etats-Unis, qui semble bloqué dans une faille spatio-temporelle, quelque part au début des années 90. Un film indépendant qui souffre malheureusement des maux inhérents à sa propre condition, caméra à l’épaule inévitablement tremblotante et jet de lumière à vous faire frétiller les rétines. Aux Etats-Unis, il semble apparemment impossible de réaliser un film indépendant sans combiner ses différents éléments.

Un drame familial simple, brut et abrupt, intéressant, touchant mais jamais surprenant, porté par un excellent casting et une bande originale metal au poil.

Et puis The Sword, à la musique, sur les T-shirts, sur les casquettes.