Sexe dans l'espace et branlette intellectuelle

Un cas d'école. Enième boîte de conserve d'une bourgeoisie culturelle qui ne sait plus rien faire d'autre que de vider de leur substance des genres populaires et les recouvrir d'un vernis cérébro-cérébral qui ne trompe plus personne, High Life est un mash-up dévitalisé d'à peu près tout ce que la culture pop a pu accoucher en termes de SF et de récits d'anticipation dans la seconde moitié du 20ème siècle.


Voyez plutôt: on y suit l'histoire de prisonniers dans un bagne spatial (tu veux dire, comme dans Alien 3?) envoyés vers une mission suicide impliquant un voyage dans un trou noir (tu veux dire, comme dans Interstellar et Universal War One?), dans un vaisseau-maquette d'un autre âge et dans un vide spatial épuré (tu veux dire, comme dans 2001?); ils utilisent une machine sexuelle pour assouvir leurs pulsions (tu veux dire, comme dans THX 1138?), sont obsédés par la maternité, le sperme et les fluides corporels (tu veux dire, comme dans Mad Max?). On y voit le plus clair du temps Robert Pattinson jouer le papa poule avec son bébé (tu veux dire, comme dans Hard Boiled? Bon OK, là je surinterprète).


Mais ce qui frappe avant tout, c'est le manque de moyens de l'ensemble. Si le film bénéficie d'une lumière et de cadres corrects, la médiocrité des décors, accessoires et costumes sautent aux yeux. Les combinaisons spatiales ressemblent à des tenues d'apiculteurs, et il est difficile de ne pas voir que la moitié du film a été tournée dans les couloirs d'un lycée agricole en guise de station spatiale, et l'autre moitié dans un potager.


Et tout ça pour ne rien raconter en outre. Sous ses airs de film cérébral contemplatif, High Life est un pensum con comme la Lune, énième gloubi-glouba auteurisant taylorisé pour flatter l'égo des classes moyennes sup, aux personnages désincarnés errant dans une esthétique esthétisante en toc, plombée par un incessant bourdon d'infrabasses censé évoquer un moteur de vaisseau. Et ce ne sont pas mille scènes à base de: Pattinson joue avec le bébé, Pattinson donne à manger au bébé, Pattinson aide le bébé à faire caca... qui vont donner une consistance quelconque à cette histoire qui se prétend surement intimiste et proche de ses personnages, mais qui n'est que glaciale et hermétique. Comble de la bêtise, le film se sent même obligé de paraphraser son script famélique par une voix off et des scènes de dialogues didactiques. Bref: une esbrouffe arty et creuse, pour avoir l'impression de regarder un truc profond tout en épluchant les carottes entre deux plans.

Biggus-Dickus
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le 18 mars 2021

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Biggus Dickus

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