Greengrass sous influence de cet excellent film danois. Passé inaperçu mais pourtant tout aussi bon que son "homologue" américain. Ne pas comparer avec Captain Philips serait impensable.D'autant que les films ont tous les deux autant de similitudes que de différences.


Contrairement à Captain Philips nous sommes dés le début dans le bateau. Contrairement toujours à Captain Philips, la scène de l'attaque des pirates ne nous est pas montrée, cachées par quelques scènes au sein de l'entreprise responsable du commerce maritime (scènes passionnantes d'ailleurs malgré un sujet qui ne donne pas forcément envie). Et c'est là la volonté du réalisateur ; il ne recherche pas le grand spectacle, fuit l'Hollywood et le bon sentiment au pas de course. Choix intéressant et intelligent qui malheureusement met légèrement de côté la tension que le film souhaitait installer.
Mais au fur et à mesure que le film progresse on se rend bien compte que l'enjeu du film n'est pas entièrement de plonger son spectateur dans une prise d'otage délicate (et c'est pourtant réalisé avec brio par une caméra à l'épaule juste, qui ne cherche pas du tout l'esthétisme, privilégie le plan séquence pour plus de réalisme et évite le côté vomitif qu'un Greengrass aurait trop tendance à utiliser et par un très bon travail sonore - sons bruts, en totale stéréo du point de vue de la caméra) mais de faire réfléchir sur le thème de l'argent ; 7 vies humaines valent - elles plus que "quelques" millions de dollar ? Et cette réflexion est personnifiée en le personnage ambigu du chef d'entreprise : endosse-t'il tous les rôles par intérêt, par courage, par assiduité ? Søren Malling incarne à merveille ce personnage froid (aussi froid que les bureaux dans lesquels il travaille) et déroutant. Il étonne parfois par une humanité quasi touchante (à l'image des dernières scènes). Les jours sont numérotés, l'action s'éternise et l'affaire reste sous le sein privé.
Ici tout n'est que tension psychologique tandis qu'un Captain Philips préférait (aussi justement) l'action. La caméra fait des allers retours parfaitement dosés et maîtrisés entre le bateau et les bureaux danois.
Les scènes humaines sont à prendre avec des pincettes ; le danger est toujours à côté et peut surgir d'un moment à l'autre. Le réalisateur joue avec les nerfs de ces personnages et donc avec les nôtres, permettant aux acteurs des performances subtiles et réussies.


Un thriller psychologique comme on en fait rarement, qui traite avec merveille et subtilité le thème de la prise d'otage, bien loin d'une vision Hollywoodienne et manichéenne du monde. Une vraie réussite.

Créée

le 28 oct. 2014

Critique lue 508 fois

5 j'aime

Charles Dubois

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