CRITIQUE EXPRESS
Le principe de l'invisibilité humaine nourrit les fantasmes des écrivains et des cinéastes depuis plus d'un siècle. L'idée est bien entendu avant tout visuelle (même si techniquement, dans les faits on ne voit rien) et, le progrès des effets spéciaux de cette transition de millénaire aidant, j'attendais à l'époque avec impatience ce que l'excellentissime Paul Verhoeven (RoboCop, Total Recall, Basic Instinct, Starship Troopers) allait pouvoir en tirer.
La première partie du film répondait complètement à mes attentes : Sebastian Caine, scientifique de renom (toujours magistral Kevin Bacon dans des rôles de salauds), décide d'expérimenter sur lui un procédé jusque-là réservé aux animaux rendant invisible. L'opération est un succès (tout comme les effets spéciaux, bluffants pour l'époque) mais son corollaire s'avère ne pas fonctionner. Définitivement transparent, Caine pète les plombs et devient un danger pour ses collègues.
Sans se départir d'un cynisme et d'un humour politiquement incorrect, notre Hollandais violent de réalisateur développe ici ses thématiques les plus chères : voyeurisme, exhibitionnisme, violence pathologique, aliénation mentale. Hélas, en cours de scénario, il cède aux sirènes du cinéma commercial, transformant alors son film en série B basique avec courses poursuites effrénées, rebondissements grotesques et dénouement prévisible.
De la part de Paul Verhoeven, j'avais espéré davantage... Dommage.